En cumulant les autorisations de prospections actuellement en cours pour des forages de prospection d’hydrocarbures et pour la géothermie, on constate que près de la moitié de la superficie alsacienne est ou sera sondée pour y trouver de l’énergie. Le renchérissement des cours du pétrole et une particularité géologique expliquent cet intérêt.
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La présence d’hydrocarbures dans le sous-sol alsacien n’est pas un scoop : l’extraction à Merkwiller-Pechelbronn n’a cessé dans les années 50 que faute de rentabilité. Les réserves sur ce site existent pourtant mais les quelques puits en activité ne sortent de quoi remplir quelques camions citernes par an. Mais les six autorisations de prospection délivrées par le gouvernement pour des surfaces cumulées d’environ 4 500 km² au total changent la donne.
Le Journal officiel du 7 septembre a publié le dernier arrêté en date, celui confié à Bluebach ressources (filiale du norvégien Moore Energy) et au français Geopetrol, PME qui a racheté de petits forages à Elf, notamment, dans les années 1990. « Le baril de pétrole valait 16 $ à l’époque, il est autour de 110 aujourd’hui et l’extraction redevient rentable en Alsace », souligne un observateur du dossier.
Reste à trouver du pétrole en quantité suffisante. La multiplication des forages inquiète les écologistes qui craignent que les prospecteurs ne soient à la recherche discrète de gaz de schiste. Les ministères du redressement productif et de l’Ecologie répondent en indiquant « que la fracturation hydraulique reste prohibée ».
L’eldorado de l’eau souterraine – Autre prospection, moins polémique et plus prometteuse : la géothermie va connaître un grand développement dans la région de Strasbourg dès 2014/2015. Le groupe français Fonroche (Pau) va démarrer les forages aux abords de la ville et indique que le potentiel permettra « de couvrir à terme 80 % des besoins en eau chaude de l’agglomération. Quatre puits vont être équipés en 2014, pour 57,2 M€ d’investissements », indique la PME. Electricité de Strasbourg (ES), filiale d’EDF, démarre des forages au sud de l’agglomération.
« L’Alsace possède une particularité géologique qui permet de trouver de l’eau à plus de 150 degrés dès 3 000 mètres de profondeur, contre 7 000 à 7 500 mètres en général », indique le ministère de l’Ecologie.
Une technique maîtrisée – Mais si personne ne met en cause la pertinence d’exploiter à grande échelle le fantastique potentiel de cette énergie renouvelable, les dégâts causés par des forages mal maîtrisés à Bâle ou Lochwiller (Bas-Rhin) ont de quoi inquiéter.
Les opérateurs rappellent qu’ils s’appuient sur l’expérience acquise à Soultz-sous-Forêts, site pilote d’envergure internationale, qui offre expérience et maîtrise des techniques de forage. Les premières livraisons d’eau chaude géothermique sont attendues à Strasbourg début 2015. D’ici là, d’autres autorisations devraient être délivrées bien au-delà de l’Alsace. Le ministère de l’Ecologie signale que 14 autres demandes de forage ailleurs en France sont en cours d’examen.