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  • Aurélie Filippetti : « L’Etat doit contribuer à la structuration des politiques d’éducation artistique et culturelle »

Interview

Aurélie Filippetti : « L’Etat doit contribuer à la structuration des politiques d’éducation artistique et culturelle »

Publié le 13/09/2013 • Par Hélène Girard • dans : A la une, France

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G. Bouys / AFP
La ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti, annoncera le 16 septembre un « grand projet pour l’éducation artistique et culturelle ». Dans un entretien avec la Gazette, elle en dévoile les principaux axes. Pour les professionnels, la direction est la bonne, mais les ambitions affichées ne seront réalisables que sous certaines conditions qui restent à réunir.

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Vous avez fait un « tour de France » de l’éducation artistique et culturelle. Qu’en avez-vous retiré ?

J’ai vu la très grande qualité des projets, la pertinence des nombreux dispositifs existants, l’implication des acteurs. Mais j’ai également constaté un besoin de reconnaissance, de valorisation, une attente vis-à-vis de l’Etat pour inscrire durablement cette politique et la développer. C’est ce que j’engage à la rentrée. Et c’est pour moi un objectif majeur. Il faut que l’Etat aille, enfin, au-delà d’un discours, enthousiasmant, mais insuffisant. Il faut que l’éducation artistique et culturelle retrouve toute sa place dans les politiques culturelles qu’il déploie.

Comment analysez-vous la place des collectivités dans les projets d’éducation artistique et culturelle ?

Les collectivités territoriales sont en première ligne pour organiser l’offre d’éducation artistique et culturelle à l’échelle d’un territoire. Elles savent mobiliser la diversité des acteurs, elles savent construire en prenant en compte les spécificités et les ressources de chaque territoire. Malgré le contexte budgétaire, elles le font, dans la majorité des cas, avec une ambition que je salue et dont je partage les objectifs.

Les collectivités redoutent une forme de transfert, ce qui, disent-elles, accroîtrait les inégalités territoriales. Pouvez-vous les rassurer sur le rôle de l’Etat ?

C’est toute l’avancée que constitue la notion de parcours qui part d’une approche articulant temps scolaire, périscolaire, hors temps scolaire, en évitant la juxtaposition d’actions. Par ailleurs, je peux témoigner de l’engagement et de l’attachement des enseignants au quotidien à l’éducation artistique et culturelle.

Comptez-vous augmenter les crédits en région ?

Oui, j’ai décidé de déconcentrer les crédits supplémentaires dédiés à l’éducation artistique et culturelle aux DRAC (directions régionales des affaires culturelles, ndlr), pour accompagner les territoires et permettre le soutien au plus près des projets. D’ici 2015, ce sont 10 M€ complémentaires qui seront mobilisés annuellement, dans le cadre d’une montée en charge engagée en 2013. L’augmentation est importante et inverse un mouvement, à la baisse depuis 2002. En 3 ans, j’aurai augmenté d’un tiers les crédits dédiés à l’éducation artistique et culturelle. C’est pour moi une priorité.

Quels sont vos principaux objectifs ?

Au-delà de la question budgétaire, l’attente vis-à-vis de l’Etat est qu’il puisse contribuer à structurer cette politique. Il est nécessaire de développer la formation, la recherche, de favoriser l’accessibilité des ressources. Et d’assurer les conditions de la mobilisation de tous.

Les équipements publics relevant de votre ministère (musées, écoles d’enseignements artistiques…) doivent-ils s’impliquer dans les projets locaux ?

C’est essentiel. Il s’agit par exemple de favoriser le développement, sous toutes les formes, de l’action à l’échelle nationale des grands établissements publics. Cela demande des moyens, mais aussi des idées, une volonté. C’est pour cette raison que, dès mon arrivée rue de Valois, j’ai demandé à Henri Loyrette, alors Président-directeur du Louvre, et à son successeur, Jean-Luc Martinez, de travailler avec les autres établissements publics à un projet, à des mesures concrètes renforçant l’implication et la mobilisation des opérateurs du ministère en faveur de l’éducation artistique et culturelle.
Le rapport qui vient de m’être remis propose de nombreuses pistes nouvelles que je me réjouis d’engager. Par exemple, il suggère la création d’un groupe de pilotage et d’action entre les établissements publics et les services à compétence nationale, dédié à l’éducation artistique et culturelle.
Sous la forme d’un séminaire professionnel régulier, il visera à renforcer leur action nationale en matière d’éducation artistique et culturelle et débouchera sur des actions concrètes.
Ces travaux associeront les représentants des DRAC. Par ailleurs, je souhaite aussi proposer aux écoles d’enseignement supérieur de se mobiliser sur la formation de leurs élèves dans ce domaine : certaines le font déjà comme l’école nationale supérieure des beaux-arts !

Quels moyens comptez-vous leur donner pour y parvenir ?

La première vigilance à avoir concerne les crédits existants : il faut bien les identifier – ce n’est pas toujours le cas, présenter et débattre de cet axe dans tous les conseils d’administration et les instances de gouvernance.
Il faut systématiser le développement de cette dimension dans les projets scientifiques et culturels des musées et dans les contrats d’objectifs des établissements labellisés. Sur les 3 axes du parcours d’éducation artistique et culturelle : la connaissance, la rencontre avec les oeuvres et des artistes, la pratique.

Quel doit être le rôle des DRAC ?

Il est triple. A partir d’une vision des enjeux du territoire, elles doivent accompagner par leur expertise et financièrement les collectivités partenaires. Elles doivent également prendre l’initiative d’une rencontre des acteurs sur les territoires qui, pour diverses raisons, n’ont pas développé de projets.
Elles doivent également favoriser tous les espaces d’échange et de coordination sur ce sujet. Plus largement, elles sont le pivot de l’action de l’Etat en la matière. Tout en veillant particulièrement aux territoires les plus éloignés de l’offre actuellement : territoires enclavés, territoires défavorisés, des zones rurales à l’outre mer en passant par les quartiers de la politique de la ville. Elles s’investiront donc fortement, en lien avec les rectorats bien sûr.

Les acteurs locaux reprochent à votre ministère et celui de l’Education nationale de ne pas veiller à se concerter suffisamment. Ce qui nuit à la pérennité de nombreux projets. Où en est aujourd’hui cette concertation ?

C’est vrai, le partenariat entre nos deux ministères est essentiel pour créer l’impulsion nationale. Et nous avons créé aujourd’hui le cadre pour assurer notre action commune. L’éducation artistique et culturelle est inscrite pour la première fois dans l’histoire du ministère de l’éducation nationale dans le code de l’Education. Il s’agit de l’article 10 de la loi de refondation de l’école (1)
De notre côté, nous prenons pleinement acte des enjeux du ministère de l’éducation nationale et nous inscrivons notre action en prenant en compte la réforme des rythmes éducatifs. Nous avons signé avec Vincent Peillon une circulaire commune sur le parcours d’éducation artistique et culturelle (2), qui montre la convergence de nos objectifs. Les chantiers sont aujourd’hui de nature opérationnelle. Nous y travaillons : il s’agit de la formation des enseignants, de notre coordination autour des projets.

Quel devrait être selon vous le rôle des rectorats ? Même s’ils ne relèvent pas, bien entendu, de votre ministère, vous avez sans doute des souhaits quant à leur positionnement.

Les rectorats sont les partenaires incontournables pour mettre en place une ambition en matière d’éducation artistique et culturelle et particulièrement les DAAC [délégations académiques à l’éducation artistique et culturelle], qui font un travail souvent remarquable.
Je suis sûre que les recteurs auront à coeur de faire toute sa place à cette politique qui relève d’un engagement commun aux deux ministères et d’une priorité présidentielle : nous les avons rencontrés avec Vincent Peillon pour leur en parler.

Les collectivités reconnaissent le rôle d’expertise de l’Etat. Mais elles souhaitent qu’il porte un discours politique général en la matière, ce qui, à leurs yeux, fait grandement défaut. Pouvez-vous répondre à leurs attentes ?

Sur une politique comme l’éducation artistique et culturelle, l’enjeu est la capacité à articuler de façon transversale l’action au sein des DRAC dans le cadre d’une stratégie territoriale. Les DRAC le font déjà mais cette vision stratégique est à faire mieux partager. Cette transparence de nos objectifs est essentielle pour assurer les conditions d’un dialogue serein.

Beaucoup d’acteurs locaux plaident notamment pour l’élaboration, avec l’Etat, d’une charte et d’un référentiel de méthode et de valeurs. Y êtes-vous favorable ?

Oui, j’y suis très favorable. Et c’est d’ailleurs une des propositions que nous faisons dans le cadre de ce grand projet pour l’éducation artistique et culturelle.

De l’avis des acteurs locaux, les pôles de ressources pour l’éducation artistique et culturelle (PREAC) ont un niveau de développement et d’action inégal, alors qu’ils ont un rôle-clef à jouer. Faut-il les développer ?

La formation est un levier essentiel pour assurer la qualité de l’éducation artistique et culturelle sur l’ensemble du territoire et les PREAC sont des acteurs dont l’expertise et la qualité sont à mobiliser très directement.

Comptez-vous accroître leurs moyens ?

Comme je l’ai dit, j’ai choisi aujourd’hui de concentrer les crédits supplémentaires sur l’accompagnement des projets des collectivités. Les PREAC doivent être pleinement partie prenante de la dynamique engagée et les DRAC sauront les appuyer en tant que nécessaire.

De nombreux acteurs locaux déplorent l’absence des représentants de l’éducation populaire dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets. Partagez-vous leur sentiment ?

Les associations d’éducation populaire sont des acteurs essentiels de l’éducation artistique et culturelle. Ils interviennent déjà sur les différents temps de l’enfant. Ils doivent être autour de la table quand se discutent les projets locaux d’éducation artistique et culturelle.
Valérie Fourneyron [ministre de sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, ndlr] et moi partageons cette conviction que le temps est venu de construire un projet commun entre acteurs de la culture et de l’éducation populaire. C’est un chaînon parfois manquant, encore fragile des politiques culturelles.

Comptez-vous remédierà cette situation?

Ce sera tout simplement une condition à notre accompagnement des territoires.

Verbatim : que dit la loi de refondation de l’école ?

L’éducation artistique et culturelle figure à l’article L121-6 du code de l’éducation

« L’éducation artistique et culturelle contribue à l’épanouissement des aptitudes individuelles et à l’égalité d’accès à la culture. Elle favorise la connaissance du patrimoine culturel et de la création contemporaine et participe au développement de la créativité et des pratiques artistiques. L’éducation artistique et culturelle est principalement fondée sur les enseignements artistiques.
Elle comprend également un parcours pour tous les élèves tout au long de leur scolarité dont les modalités sont fixées par les ministres chargés de l’éducation nationale et de la culture. Ce parcours est mis en œuvre localement ; des acteurs du monde culturel et artistique et du monde associatif peuvent y être associés.
Les enseignements artistiques portent sur l’histoire de l’art et sur la théorie et la pratique des disciplines artistiques, en particulier de la musique instrumentale et vocale, des arts plastiques et visuels, de l’architecture, du théâtre, du cinéma, de l’expression audiovisuelle, des arts du cirque, des arts du spectacle, de la danse et des arts appliqués.
Les enseignements artistiques font partie intégrante de la formation scolaire primaire et secondaire. Ils font également l’objet d’enseignements spécialisés et d’un enseignement supérieur. »

Réactions des acteurs locaux

François Deschamps, DGA culture et sports d’une communauté d’agglomération, co-auteur, avec Marie-Christine Bordeaux, de l’ouvrage « Education artistique, l’éternel retour ? » et membre du collectif « Pour l’éducation par l’art »
Vincent Lalanne, chef de projet Canopea
François Pouthier, président de Culture et départements
Guy Dumélie, co-animateur de la commission « éducation, enseignement et pratiques artistiques »
Véronique Balbo-Bonneval, présidente de la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (FNADAC)
Jean-Philippe Legois, président de l’Association des archivistes français (AAF)

Une véritable généralisation des expériences actuelles ne peut passer que par un effort financier proportionnel du ministère de l’Education nationale

François Deschamps, DGA culture et sports d’une communauté d’agglomération, co-auteur, avec Marie-Christine Bordeaux, de l’ouvrage « Education artistique, l’éternel retour ? » et membre du collectif « Pour l’éducation par l’art »

En cette période de crise, il convient de prendre acte de l’annonce d’une montée en charge budgétaire de la part du ministère de la culture : de 2,5 M€ supplémentaires cette année, on passera d’ici à deux ans à 10 M€ supplémentaires, ce qui commence à devenir significatif. Pour autant que les crédits affectés aux établissements d’enseignement artistique, qui ont leur rôle à jouer dans l’EAC (conservatoires classés, écoles d’art) ne baissent pas dans le même temps.
En outre, une véritable généralisation des expériences actuelles ne peut passer que par un effort financier proportionnel du ministère de l’Education nationale. Et les difficultés structurelles de relation entre les ministères de l’éducation nationale et de la culture continuent d’entraver la dynamique nécessaire. D’ailleurs, ‘idée d’une charte de l’éducation artistique et culturelle et d’un référentiel doit être partagée par les deux ministères et les associations nationales d’élus locaux.
Pour ce qui est de la déconcentration des crédits, elle peut inciter certaines DRAC, peu investies jusqu’alors, à se mobiliser davantage sur la question, au niveau de l’ensemble des conseillers (théâtre, musique, danse, arts plastiques) et pas uniquement des conseillers dédiés à l’éducation artistique et culturelle, pour accompagner les collectivités partenaires, mais aussi pour impliquer davantage les établissements culturels labellisés qu’elles financent.
A propos des DRAC, elles n’ont pas, la plupart du temps, les ressources (humaines) nécessaires pour réaliser l’objectif évoqué par la ministre : « prendre l’initiative d’une rencontre des acteurs sur les territoires qui, pour diverses raisons, n’ont pas développé de projets ». Pour ce faire, elles devront travailler, notamment, avec les collectivités de proximité, entre autres les départements et les EPCI.
Cependant les dynamiques locales ne surgiront pas d’une simple rencontre, elles gagneraient à être encouragées par le cofinancement de chefs de projets à l’échelle intercommunale. Concernant les objectifs de formation des acteurs de ce secteur et de développement de la recherche et d’accessibilité des ressources (notamment via les PREAC), ils vont dans le bon sens. Cependant, qu’est-il prévu concrètement en termes de formations (initiales et continues) pour les enseignants et les artistes intervenants, notamment dans les centres de formation des artistes, les Centres de formation des enseignants de la musique, (CEFEDEM) etc. et les Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation ?
Sur l’éducation populaire, oui, il est intéressant de souhaiter que les associations locales soient associées aux projets de territoire, mais il convient qu’au niveau national des associations d’éducation populaire nationales qui ont fait leurs preuves dans la recherche, la formation et l’innovation – Association nationale de recherche et d’action théâtrale (ANRAT), l’Association des rencontres internationales artistiques (ARIA) – ne connaissent pas parallèlement une progressive diminution des crédits que leur accordait le ministère de l’Education nationale.

Il faudrait une dynamique interministérielle

Vincent Lalanne, Consultant et chef de projet du collectif Canopéa

Dans les propos de la ministre, on sent une forte volonté de développer l’éducation artistique et culturelle. Elle reconnaît le blocage qu’il y a eu ces dernières années avec le ministère de l’Education nationale. Seulement, elle ne nous parle guère du ministère de la jeunesse, des sports et de l’éducation populaire.
Ce dernier vient de publier un « guide pratique pour des activités périscolaires de qualité. » Autrement dit, chaque ministère – culture, éducation nationale et jeunesse et sports – avance seul, les maires reçoivent divers documents de différents ministères. Ce qui nuit à la lisibilité des actions.
C’est pourquoi, le Canopea demande depuis longtemps une dynamique interministérielle.
Autre enjeu important : la formation des acteurs de l’éducation artistique et culturelle, question très complexe, qui déterminer la qualification des interventions. Cela concerne à la fois les enseignants de l’éducation nationale, les artistes, les intervenants des centres culturels, et, maintenant, les animateurs de l’accueil péri-scolaire.
Nous craignons que les collectivités territoriales recentrent l’éducation artistique et culturelle sur le temps périscolaire, sur lequel d’autres activités, sportives par exemple, sont proposées. Il y a donc un risque de concurrence de propositions.
On peut redouter que les maires, faute de moyens ou par peur de ne pas bien occuper les enfants, concentrent l’offre sur ce-temps-là. Or l’éducation artistique et culturelle, c’est aussi ce qui se passe dans l’école et en-dehors de l’école. Nous devrons donc être très attentifs aux projets éducatifs de territoire (PEDT), prévus par une circulaire du ministère de l’éducation nationale.
Pour ce qui est du rôle des DRAC, nous allons observer de près comment leur approche de ces questions évoluent sur le terrain. Par exemple, les associations d’éducation populaire nous disent avoir très peu de relations avec les DRAC, alors qu’existent des conventions entre l’Etat et leurs fédérations.
Ces associations sont déjà présentes dans les projets locaux, en tant que prestataires de services. Nous voudrions qu’elles deviennent partie prenante de l’élaboration des projets. Car elles sont un maillon essentiel, au côté des artistes et des institutions culturelles.
Enfin, sur la question du parcours, notre vigilance sera aussi très pointue. Un parcours n’est pas quelque chose de linéaire, il implique des avancées, des ruptures. Il est donc important de ne pas se focaliser sur cette notion. Soyons réalistes : l’important est que chaque enfant, à un moment donné de sa scolarité, ait une véritable rencontre avec les œuvres d’art, développe un lien avec une pratique artistique et acquiert un regard critique. Et nous devons nous attacher à construire à partir de l’existant, des expériences déjà réalisées sur le territoire, pour, ensuite, élargir cette base.

L’éducation artistique et culturelle ne doit plus être le «passager clandestin» des politiques publiques de la culture

François Pouthier, président de Culture et départements

Pour faire de l’éducation artistique et culturelle un élément majeur de nos politiques culturelles, tant au niveau de nos départements qu’à celui de l’Etat, il faut l’inscrire dans la durée et lui conférer des moyens. Nous nous réjouissons donc à Culture et Départements des propos tenus par Aurélie Filippetti qui confirme la mobilisation, par l’Etat, de 10 millions d’euros supplémentaires par an afin d’éviter comme le disait Catherine Marnas (3) au Festival d’Avignon que «l’éducation artistique, comme la parité, soit purement consensuelle. Si personne n’est contre, il reste encore à s’en emparer. »
Comme toute «bonne décentralisation ne peut se faire sans une vraie déconcentration», notons également le renforcement financier des Drac. Auquel il conviendra, vu les rôles confiés, de les doter de nouveaux moyens humains car les missions régionales pourraient bien se révéler impossibles pour les seul(e)s conseiller(e)s «éducation artistique et culturelle» des Drac.
Enfin, tout en reconnaissant encore l’insuffisance des relations avec le ministère de l’éducation nationale et avec l’éducation populaire considéré comme le «chaînon manquant», Madame la ministre souligne l’importance de formations partagées (enseignants, acteurs culturels et socio-éducatifs), le besoin de ressources mobilisables (avec des PREAC renforcés) et la volonté d’améliorer la recherche universitaire. Des souhaits fondés et qui remettent (enfin!) en cause les ruptures originelles du ministère de la culture.

Nous attacherons par ailleurs une grande importance à la manière dont seront envisagées les réductions d’inégalités entre les territoires

Guy Dumélie, co-animateur de la commission «éducation, enseignement et pratiques artistiques de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC)

La FNCC se réjouit de voir l’éducation artistique et culturelle considérée par le ministère de la culture et de la communication comme un objectif majeur et une priorité. Ainsi d’une certaine manière, encore timide et partielle, est affirmée la nécessité de placer la personne au centre des politiques publiques en faveur de l’art et de la culture. Ainsi est affirmée la nécessité d’intégrer le contenu des grands textes internationaux (déclaration universelle de l’UNESCO de 2001, convention de l’UNESCO de 2005 et convention du Conseil de l’Europe de 2005 notamment) à partir desquels la FNCC a renouvelé sa vision des politiques culturelles. Pour ces raisons, nous participerons avec enthousiasme et détermination aux travaux du grand chantier ouvert par la ministre.
Pour autant il reste à définir le sens de l’éducation artistique et culturelle dans les politiques culturelles. Pourquoi faut-il maintenant absolument prendre en compte et développer au niveau de l’Etat cette dimension qu’il a jusqu’ici le plus souvent négligée et laissé aux soins des collectivités. Certes la formation des acteurs (lesquels?), le développement de la recherche représentent des objectifs absolument nécessaires, mais la puissance publique (Etat, à travers les ministères concernés et collectivités) ne peut pas pour autant s’exonérer de la prise en compte de cette question, de préciser, avec la participation de l’ensemble des acteurs – en incluant ceux du champ de l’éducation populaire- le sens de cette véritable mutation à l’oeuvre dans nos politiques culturelles. Le Conseil des collectivités territoriales pour le développement culturel, le Haut-conseil pour l’éducation artistique sont de notre point de vue des instances appropriées pour commencer ce travail.
Sont aussi à préciser le contenu que l’Education nationale donnera à l’éducation artistique et culturelle, les horaires qui lui seront dédiées, les moyens affectés, la place qui lui sera donnée dans les différents cycles de l’enseignement. Certes de nombreuses réalisations souvent de grande qualité ont lieu à l’école élémentaire, notamment avec la participation des dumistes et des autres enseignants des conservatoires. Mais pour de multiples raisons l’accent n’est-il pas aussi à mettre au niveau des collèges?
Nous attacherons par ailleurs une grande importance à la manière dont seront envisagées les réductions d’inégalités entre les territoires: inégalités de moyens, de ressources locales, inégalités sociales… 
Enfin les moyens financiers apparaissent bien modestes eu égard à l’importance de l’enjeu.
Au total la FNCC salue l’ouverture de ce vaste chantier. Les risques d’enlisement pour de multiples raisons sont grands : impossibilité de donner à l’éducation artistique et culturelle une dimension interministérielle sans laquelle aucune réussite n’est envisageable, incompréhension des enjeux et des objectifs, insuffisance des moyens financiers, télescopage avec la réforme des rythmes scolaires, difficulté sur les territoires à élaborer des projets qui associent les acteurs par-delà leurs différences…Mais les possibilités d’avancer concrètement existent aussi. Il est possible de réussir dès lors que nous travaillerons ensemble et dans la durée, à partir d’une vision partagée. Pour sa part la FNCC s’y engage.

Nous devons veiller à ce que la notion de parcours ne serve pas de prétexte à l’abandon de la priorité donnée à l’éducation artistique et culturelle sur le temps scolaire

Véronique Balbo-Bonneval, présidente de la Fédération nationales des associations de directeurs des affaires culturelles (FNADAC)

Les annonces de la ministre comportent plusieurs points qui nous semblent
positifs,mais n’abordent pas d’autres qui nous semblent importants.
Commençons par les points positifs. D’abord, l’affirmation de l’éducation artistique et culturelle comme élément constitutif majeur de la politique culturelle de l’Etat.
Ensuite, l’engagement de s’appuyer, là où ils existent, sur les dispositifs qui existent d’ores et déjà sur les territoires, pour les développer et assurer leur pérennité
Concernant la notion de parcours, il s’agit d’une vraie avancée, sous réserve qu’elle ne serve pas de prétexte à l’abandon de la priorité donnée à l’éducation artistique et culturelle en le temps scolaire, ou au redéploiement des actions existantes vers le hors temps scolaire. Le temps scolaire reste en effet le seul garant de l’égalité d’accès à la culture, puisque le seul endroit où l’on touche l’ensemble des enfants. Il existe un vrai risque de voir détricoter ce qui a été patiemment construit depuis 15 ans sur le temps scolaire sur certains territoires.Pour ce qui est de l’augmentation progressive des crédits (10 millions d’euros en 2015), il s’agit d’un effort remarquable en temps de crise. Mais cet effort est suffisamment modeste pour qu’il soit exclusivement affecté aux actions à destination des enfants sur les territoires via les DRAC, plutôt qu’à la recherche universitaire et à la mise à disposition des ressources, même si celles-ci constituent de vrais besoins. En période de raréfaction budgétaire, il semble important que le moindre euro soit affecté au bénéfice direct des enfants.
Nous souhaiterions aussi voir figurer un certain nombre d’autres éléments. D’abord, au-delà des crédits annoncés par la ministre, il nous semble qu’il existe un autre levier d’une grande importance : l’inscription systématique de l’éducation artistique et culturelle dans les contrats d’objectifs et de moyens(COM) de tous les équipements culturels ayant l’État comme tutelle. Cela ne devrait pas concerner seulement les grands équipements nationaux. En effet, les scènes nationales, les centres dramatiques nationaux, les centres chorégraphiques, les conservatoires à rayonnement régional, etc. constituent le principal levier de l’État pour aider les territoires à assurer une éducation artistique et culturelle de qualité. Jusqu’à présent, ce levier a été trop peu exploité.
Nous considérons également que l’intégration de l’éducation artistique et culturelle dans la formation des enseignants dispensée par les écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE, ex-IUFM) est un point extrêmement important, qui doit être abordé.
Enfin, une réflexion doit être engagée sur les conditions nécessaires au recrutement d’intervenants de qualité pour assurer l’éducation artistique et culturelle en dehors du temps scolaire.

Ne passez pas les archives aux oubliettes

Jean-Philippe Legois, président de l’Association des archivistes de France (AAF)

Le « grand projet » pour l’éducation artistique et culturelle permet de mieux connaître les contours de cette démarche innovante et intéressante… Nous constatons amèrement l’absence de toute mention du secteur des archives (contrairement, il me semble, au reste des secteurs dépendant du ministère de la Culture et de la Communication, voire d’autres ministères). Nous avons alerté la ministre sur ce point.
Il ne s’agit même pas, pour les archivistes, de « partager le gâteau » des crédits supplémentaires avec leurs collègues d’autres secteurs, mais d’obtenir a minima une reconnaissance symbolique du travail accompli, tous les jours (encore plus en période de journées du patrimoine), par de nombreux collègues.
Nous avons encore bon espoir que la trajectoire puisse être corrigée afin que toute la culture puisse aller dans le bon sens, celui de la coproduction de sens, de « vivre ensemble » et d’ « expérience collective ».
Et que la vision du réseau des Archives en France puisse aller au-delà (ou en deçà) du niveau national et départemental !
Nous sommes d’autant plus déçus que l’AAF s’était donnée la peine de participer activement à la consultation nationale. Nous avons dû malheureusement constater que le rapport final de Jérôme Bouët [inspecteur général des affaires culturelles, rapporteur de la consultation nationale sur l’éducation artistique et culturelle, ndlr] n’a, à aucun moment, parlé de manière significative des archives, et que le Tour de France de l’éducation artistique et culturelle de la ministre ne lui a pas permis, à aucun moment, de découvrir un service d’archives impliqué dans cette thématique, même au niveau national ou départemental… Sans parler du niveau municipal pourtant fortement porté par le maire de Toulouse, Pierre Cohen, autour de la notion de citoyenneté, lors de la conférence de presse de la ministre le 16 septembre. La seule mention faite aux archives lors de cette conférence l’a été par le vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis, Emmanuel Constant, et à propos des … Archives nationales ! C’est déjà un point important en cette année d’ouverture du nouveau site de Pierrefitte-sur-Seine, mais c’est réducteur.

Notes

Note 01 loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 parue au JO n° 157 du 9 juillet 2013, ndlr Retour au texte

Note 02 circulaire circulaire n° 2013-073 du 3-5-2013, publiée au BO du ministère de l’éducation nationale du 9 mai 2013, ndlr Retour au texte

Note 03 4 directrice du Centre dramatique nationale de Bordeaux Retour au texte

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Commentaires

Aurélie Filippetti : « L’Etat doit contribuer à la structuration des politiques d’éducation artistique et culturelle »

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Michel Simonot

14/09/2013 12h25

Qui peut critiquer cette volonté affirmée de mettre l’accent sur l’éducation artistique, évidemment essentielle?
On ne peut, cependant, éluder cette question: quelle portée a une politique de démocratisation de la culture, si, parallèlement, il n’y a pas renforcement d’une politique publique concernant la production et la circulation des « biens » qu’il s’agit, précisément, de « démocratiser »? Si, parallèlement, il y a un affaiblissement de cette politique publique? En effet, pour démocratiser il faut bien qu’il y ait quelque chose à…démocratiser, quel que soit le sens sue l’on attribue à ce mot.
Je crains que la priorité accordée à l’éducation artistique serve, dans le même temps, à masquer ce virage de la politique publique en matière artistique et culturelle, tant au plan national que territorial.
Ou bien cela signifie que ce que l’on va démocratiser par l’action artistique et culturelle ainsi boostée soit du « patrimoine », de la culture « déjà là ». C’est bien ce qui ce préfigure dans l’accent mis sur le rôle des…musées.
Peut-être faut-il changer la politique concernant le soutien à l’art, aux artistes (c’est à dire à leur indépendance face aux « attentes », aux logiques de marché, aux pressions politiques et des institutions, etc.), mais encore faut-il engager une réflexion publlique sur ce sujet. Et en formuler clairement les conclusions et conséquences.
On attend….

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