Alors que le gouvernement a fixé le cap de 20 % de contrats signés en Zones urbaines sensibles (ZUS) en 2013 et de 30% en 2014, environ 5 000 des 50 000 emplois d’avenir engagés à ce jour concernent des jeunes des quartiers relevant de la politique de la ville (pour un objectif total de 100 000 contrats signés d’ici fin 2013). Concernant, justement, les bilans chiffrés de la mesure, François Lamy a souligné que l’analyse n’est pas pertinente à l’échelle départementale et qu’il convient plutôt d’observer les chiffres “à l’échelle des bassins d’emplois”. “Pour les jeunes du département du 93, la mesure est à étudier à l’échelle de l’Ile-de-France”, a-t-insisté.
Des freins identifiés – Devant la mission d’information parlementaire présidée par le député (PS) Jean-Marc Germain, François Lamy a cerné différents freins, comme :
- Le profil de ces jeunes qu’“il faut aller chercher car ils ne sont pas inscrits à Pole Emploi ». Les plus fragiles d’entre eux “vivent dans un monde à part”, a expliqué le ministre.
- La faible mobilité de ces jeunes.
- Les difficultés financières rencontrées par certaines collectivités et associations qui ne les incitent pas à embaucher. “Les collectivités situées en ZUS sont, comme le public de ces territoires, des collectivités en difficulté”, a souligné le ministre.
- La discrimination dont sont victimes les habitants des quartiers.
Des pistes d’amélioration – François Lamy a suggéré diverses solutions, qui ont vocation à être étudiées voire reprises par la mission d’information parlementaire, comme :
- Faire appel à des agences de recrutement spécialisées dans l’emploi en ZUS qui pourraient aider au repérage de potentiels candidats. Le ministre a cité le cas du cabinet RH associatif Mosaïque Emploi.
- Faire davantage appel à l’expertise des délégués du préfet.
- Missionner des agents du Pôle emploi dans les quartiers afin de gagner en proximité.
La problématique de la dérogation – Par dérogation, dans les zones urbaines sensibles (et aussi certaines zones rurales et en outre-mer) les diplômés jusqu’à bac + 3 en recherche d’emploi depuis plus d’un an sont éligibles aux contrats d’avenir prévus, dans leur globalité, pour les jeunes non qualifiés. Pour Isabelle Le Callenec, députée UMP, membre de la commission parlementaire, cette mesure de dérogation peut s’avérer défavorable pour les moins qualifiés. A cette remarque, le ministre a répondu que les jeunes qualifiés et les jeunes non-qualifiés ne sont pas mis en concurrence. “Par exemple, seuls des jeunes qualifiés peuvent être recrutés pour travailler dans les Point d’information multi-services”, a-t-il donné en exemple.
Le mode de recrutement des collectivités en cause – Pour le député (PS) Jean-Marc Germain se pose également la question des critères de recrutement des collectivités. “Un jury qui analyse des dossiers de candidature peut avoir tendance à embaucher le jeune le moins en difficulté et à ne pas donner sa chance à celui qui est le plus en difficulté”, a-t-il expliqué. “N’y a-t-il pas moyen de mettre en place une discrimination positive ?” , a-t-il demandé au ministre. François Lamy a répondu que cela lui semblait “difficile” et qu’il préférait s’en tenir au principe du pourcentage de contrats signés en ZUS à atteindre.
Enfin, concernant les collectivités qui se refusent en employer, sur décision politique, des contrats d’avenir – la ville de Nîmes a été citée – le ministre a estimé que la période préélectorale qui allait s’ouvrir serait “favorable au débat” sur ces contrats aidés “comme sur d’autres politiques publiques”.
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