Aujourd’hui coexistent deux visions du monde rural, aussi stériles l’une que l’autre. Pour les uns, l’espace rural doit rompre avec la croissance démographique ; pour les autres, la poursuite de cette croissance est le mouvement « naturel » de l’espace rural, la marque de sa vitalité.
Une troisième voie concilie l’urgente obligation de préserver les biens communs, ressources naturelles et moyens publics et celle de renouveler les générations rurales. Trois actes, qui sont autant de choix politiques majeurs, doivent être posés pour réussir cette renaissance.
Nouvelle planification – D’abord, la planification de l’habitat doit se faire au bénéfice des espaces ruraux les plus éloignés et des cœurs de ville. Nous devons choisir le maillage polycentrique comme modèle d’aménagement.
Ensuite, le maillage des services à la population devra traduire un nouvel équilibre entre la maîtrise du coût public et l’égalité des chances. Les outils de péréquation et de développement « traditionnels » doivent être modernisés.
D’autres doivent naître pour accompagner la reconquête du cœur de nos villages et de nos bourgs.
Enfin, il faut sortir des prés carrés dans la décision publique quant à l’argent public : vivre et investir autrement est une chance pour le pouvoir d’achat, le bilan carbone mais aussi la qualité de vie !
Contrairement aux illusions démographiques et autres idées reçues, le véritable choix oppose donc la vision d’une zone résidentielle à celle d’un espace rural habité de façon plus dense sur le plan de l’urbanisme, de l’économie comme du lien social.
Sommes-nous tous « habités » par la nouvelle donne métropolitaine ? C’est possible, si, unis dans la diversité, nous sommes acteurs d’un système multipolaire, et s’il s’agit de rompre avec la limite du cadastre rural comme avec une certaine folie des grandeurs urbano-centriques.
C’est possible, s’il s’agit d’inventer un style de vie associant des enracinements multiples dans des espaces urbains et ruraux.
C’est possible si des conditions de vie dignes et équitables sont recherchées pour tous ceux qui sont exclus, à la ville comme à la campagne… L’équilibre entre la « vie moderne » et un écosystème durable passe par un nouveau pacte d’aménagement pour réduire les fractures territoriales qui, ajoutées aux inégalités sociales, fragilisent la promesse républicaine.
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