La fondation Abbé Pierre a rendu publique, fin avril 2013, l’enquête « Quand c’est le logement qui rend malade – Etude sur les liens entre précarité énergétique et santé dans l’Hérault », réalisée par deux associations spécialisées, le CREAI-ORS Languedoc-Roussillon et Gefosat, enquête que la fondation a elle-même intiée et financée.
Dans cette démarche, elle a reçu le soutien de la région Languedoc-Roussillon, de l’agence régionale de santé et de l’Ademe.
« Les acteurs engagés dans la lutte contre la précarité énergétique ne disposent pas de données françaises et ils doivent s’appuyer sur des enquêtes britanniques. Nous avons souhaité combler ce manque », explique Véronique Stella, chargée de mission pour la fondation Abbé Pierre.
Le ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie réalise actuellement l’enquête Performance de l’habitat, équipements, besoins et usages de l’énergie (Phébus), qui devrait permettre d’actualiser les informations sur la précarité énergétique, mais qui n’étudie pas précisément la question des conséquences sur la santé.
Collectivités engagées – Pour leur enquête de terrain, basée sur différents questionnaires portant sur l’état du logement et sur l’état de santé de ses occupants, les associations spécialisées missionnées par la fondation Abbé Pierre ont pu compter sur la collaboration des travailleurs sociaux du conseil général de l’Hérault et du CCAS de la ville de Montpellier.
« Nous avons ainsi gagné un temps précieux pour repérer les familles concernées », se félicite Véronique Stella.
Les résultats mettent en exergue un « état de santé dégradé », que ce soit de façon générale « ou pour des dimensions comme la santé mentale, la santé sociale ou la dépression », souligne l’étude. Les pathologies chroniques (asthme, migraines…) et aiguës (grippe…) s’avèrent plus fréquentes chez les personnes exposées.
Enquête modélisable sur l’ensemble du territoire – La fondation vient d’initier le même type d’étude sur la ville de Douai (Nord), cette fois-ci avec le concours du PACT de Douai, opérateur associatif engagé dans l’amélioration de l’habitat. « Nous avons conçu une méthode d’enquête modélisable sur l’ensemble du territoire. Notre objectif est de créer des données pour que l’ensemble des opérateurs publics et associatifs s’en emparent », précise Véronique Stella.
Selon les études britanniques, notamment celles réalisées par le Centre d’analyse de l’exclusion sociale à la London School of Economics, validées par l’OMS, un euro engagé dans la lutte contre la précarité énergétique permet d’économiser près de 50 centimes de dépenses de santé. « Nous souhaiterions que ce calcul soit fait à l’échelle de la France », explique la chargée de mission.
Une fois cette seconde étude achevée, la fondation compte organiser, fin 2013, un colloque afin d’alerter sur les risques sanitaires de la précarité énergétique « et de mobiliser les pouvoirs publics sur la question », annonce Véronique Stella. « Nous aimerions obtenir la même mobilisation que celle enregistrée dans les années 90 quand nous avions alerté sur les dangers du saturnisme », précise-t-elle.
Thèmes abordés