Comment avez-vous accueilli ce rapport ?
J’ai d’abord été très surpris par la taille : une douzaine de pages seulement ! De plus, il est daté du mois de janvier et n’a été porté à notre connaissance qu’en mars.
Après lecture, je le juge à charge et excessif. Pour être très honnête, je pense qu’il n’honore pas les fonctionnaires qui l’ont réalisé.
J’ai en effet consulté la liste des personnes interrogées par les auteurs : aucun membre de l’Union européenne, alors que des questions se posent sur le financement de la structure par l’Europe ; aucun représentant du monde agricole et agro-industriel alors que certains sont déjà engagés dans le projet ; aucun responsable du développement de VNF, pourtant au centre de ce dossier.
En revanche, on dénombre neuf représentants de la SNCF ou de RFF, ce qui me semble donner beaucoup de poids au ferroviaire.
Les auteurs préconisent notamment un report du projet en raison de l’envolée des coûts. N’était-ce pas prévisible de la part de VNF ?
Toute la presse a repris l’argument du dérapage des coûts de construction. Dire que ce montant est passé de 4,3 milliards d’euros à 6 ou 7 milliards constitue une présentation malhonnête.
Compte tenu de l’évolution des prix, le coût de la construction serait aujourd’hui de 4,7 milliards environ. On ne peut pas faire de comparaisons entre ce coût, qui concerne uniquement la construction de l’ouvrage, et son coût final, qui comprend notamment les remboursements d’emprunt, le versement de loyers à l’opérateur…
D’où sortent ces chiffres ? Personne ne connaît en effet le montant final puisque l’on a stoppé le dialogue compétitif avant son terme. Avec cet argument, on fait passer VNF et ses équipes pour des incompétents, capables de commettre une telle erreur !
De plus, affirmer comme le fait le rapport que VNF n’a aucune expérience de partenariat public-privé (PPP) est aussi une approximation, son directeur général connaissant, grâce à des expériences passées, parfaitement ce type de contrats.
De plus, nous avions bien sûr mis en place une équipe spécifique pour assurer le montage et la gestion de ce projet.
Croyez-vous encore au projet ?
Il est intéressant de noter que les préconisations des auteurs – pour résumer, reporter le canal aux calendes grecques – n’ont pas été suivies par le Premier ministre.
Une nouvelle mission a été confiée à Rémi Pauvros, député maire de Maubeuge, qui doit élaborer d’ici le premier semestre 2014 une version « plus économique » du projet.
Contrairement au rapport, M. Pauvros a expliqué vouloir tenir compte du travail effectué par VNF. Il s’agit notamment de ne pas remettre en cause la déclaration d’utilité publique, ce qui repousserait la construction sine die.
N’oublions pas que 300 millions d’euros ont d’ores et déjà été dépensés en prévision du canal pour les études, les acquisitions foncières, le surbaissement de l’A29…
A l’heure où l’argent public est rare, ces sommes ne doivent pas avoir été dépensées en vain.
A VNF, nous croyons toujours en ce projet. Il peut être redimensionné, rediscuté, mais il ne doit pas être abandonné. L’avenir du transport fluvial français et européen est en jeu, de même que des milliers d’emplois pour le nord de la France. C’est pourquoi je souhaiterais que les collectivités fassent preuve de volontarisme.
Pour l’heure seul le Nord-Pas-de-Calais a réellement délibéré sur son engagement financier.
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