Il est de ces débats qui reviennent périodiquement, et la question du rapprochement entre l’ENA et l’Inet est de ceux-là. On peut effectivement se demander pourquoi les administrateurs territoriaux refusent toujours d’être formés dans cette école prestigieuse que tant de jeunes diplômés rêvent d’intégrer.
Les arguments en faveur du rapprochement paraissent relever du bon sens : nous partageons une même culture du service public et de l’intérêt général. Des économies pourraient être réalisées si les moyens étaient partagés. Pour autant, depuis que l’Inet existe, les passerelles demeurent étroites et difficiles à franchir.
Pourquoi ? Simplement parce que nos métiers sont différents. L’administrateur territorial est d’abord un généraliste capable d’appréhender de manière globale la gestion d’un territoire, en termes de politiques et de services publics, de fiscalité et d’organisation. Il est responsable de l’élaboration et de la réalisation du budget de la collectivité, et de son équilibre à court et à long terme.
Ce métier, il l’exerce dans un dialogue permanent avec les élus et avec une présence forte des habitants. Il doit faire travailler ensemble des agents aux cultures professionnelles très différentes : dans son quotidien, le travail en équipe est une exigence, et la capacité à écouter et à conjuguer les points de vue une compétence obligatoire.
C’est en ce sens qu’est orientée la formation dispensée à l’Inet et c’est en cela qu’elle répond aux attentes des collectivités. Nous souhaitons d’ailleurs que ce savoir-faire irrigue plus encore demain l’ensemble des formations d’encadrement de la FPT.
C’est pourquoi nous plaidons pour un renforcement de la formation initiale des ingénieurs et des attachés, réduite drastiquement par la réforme de 2007 : c’est là que se situe le risque de césure culturelle.
Si, pour toutes ces raisons, la fusion de l’ENA et de l’Inet nous apparaît comme une « fausse bonne idée », nous pensons aussi qu’un renforcement des échanges au cours de la formation serait de nature à améliorer le partage des enjeux de l’administration publique.
Mais à trop vouloir rationaliser, le risque de « produire » des profils standardisés est grand. Et si nos écoles n’étaient plus en mesure de leur proposer les cadres dont ils ont besoin, les élus sauraient les trouver, au besoin hors de la fonction publique.
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