En matière d’accompagnement des entreprises en difficultés, les régions sont face à deux types de difficultés. « D’abord, les interventions se font plutôt de manière défensive et réactive. Les régions sont souvent interpelées au moment où les choses sont trop avancées pour agir. Ensuite, de multiples acteurs interviennent et une clarification des compétences et des responsabilités est sans doute nécessaire », estime Gilles Mergy.
Certaines régions ont mis en place des dispositifs de prospective. Le Nord-Pas-de-Calais par exemple a réalisé une cartographie des emplois et des compétences, ainsi que des salariés en poste. « La question se pose de l’échelle des cartographies, et les entreprises sont libres de délivrer des informations ou pas », souligne Gilles Mergy.
« Il faut aussi déterminer si le travail se fait à un moment t, ou si les données sont actualisées et les acteurs mobilisés sur la durée », ajoute-t-il.
CV du territoire – En Picardie, une expérimentation est actuellement menée sur deux bassins d’emploi. Il s’agit de mieux identifier les compétences et les possibilités de redéploiement.
« L’objectif est d’essayer de mettre en place une sorte de CV du territoire concerné, détaille Gilles Mergy. Les choses avancent grâce au dialogue social et les partenaires sociaux sont plutôt favorables à une approche territoriale de la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences. »
Le projet de loi de décentralisation (« de mobilisation des régions pour la croissance et l’emploi et de promotion de l’égalité des territoires ») prévoit que les régions coordonneront désormais l’achat public de formations pour le compte de Pôle emploi. « Un progrès », pour Gilles Mergy, mais cette intervention est assez tardive, car il faudrait identifier les besoins avant que les personnes arrivent à Pôle emploi.
Le député (SRC) Christophe Castaner soulève à ce propos la question de l’adéquation entre formation et besoins de main d’œuvre (« un gros mot pour beaucoup de collègues socialistes »). Pour Gilles Mergy, des initiatives se mettent en place avec Pôle emploi, et « certains présidents de région ont fait état de leur souhait d’être davantage en charge du service public de l’orientation et de l’emploi », rappelle-t-il.
Hélas le projet de loi de décentralisation ne semble pas aller très loin en la matière. De même, pour Gilles Mergy, un volet sur l’aménagement du territoire manque, même si le rôle stratégique de l’Etat et des régions est renforcé.
Définir en commun un mode opératoire – Concernant la multiplicité des acteurs, pour le délégué de l’ARF, la création des commissaires au redressement productif constitue un progrès. Les initiatives régionales existent aussi.
Par exemple, le Nord-Pas-de-Calais a adopté le 5 décembre dernier une feuille de route sur le soutien économique et le soutien à la crise. L’objectif est de définir en commun un mode opératoire, et de coordonner les politiques de soutien et d’articuler les interventions des différents acteurs.
En Picardie, les acteurs ont également défini un mode opératoire et chaque fois qu’un cas émerge, ils se réunissent, en incluant les financeurs privés de l’emploi.
Mais des difficultés demeurent. « Se crée une certaine lassitude, du fait du nombre d’acteurs allant visiter les entreprises (Oséo, agences régionales de développement, dirrecte, etc.). On perd en efficacité », souligne Erwan Salmon, conseiller « développement économique » à l’association.
Et là où la coordination est efficace, c’est « là où les services déconcentrés de l’Etat associent directement les régions », ajoute-t-il. Ce qui n’est pas le cas partout.
Enfin, les représentants de l’ARF et les députés ont soulevé deux sujets de taille :
- l’intervention directe dans le capital des entreprises (« la nouvelle banque publique d’investissement va permettre de traiter cette question », estime Gilles Mergy)
- et le secret bancaire (le préfet est informé des difficultés par la Banque de France, mais pas les régions).