« Le RSA socle n’est couvert qu’au 4/5e par l’Etat et avec l’augmentation rapide du nombre d’allocataires – plus 3 000 depuis janvier –, il va nous manquer plusieurs dizaines de millions d’euros pour finir l’année. Ce manque de visibilité est angoissant, mais je refuse la fatalité. Nous avons une grande responsabilité. Pour bâtir des politiques innovantes et efficaces, nous avons lancé une mobilisation de tous les acteurs dont ces états généraux de l’insertion sont une étape importante », détaille le président du conseil général, Patrick Kanner.
Laboratoire d’étude – « Je trouve aujourd’hui la participation des personnes concernées fantastiques », se félicite François Chérèque, chargé du suivi de la mise en œuvre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, dont l’une des missions est de trouver avec les collectivités des synergies pour faciliter le déploiement du plan gouvernemental sur le terrain.
« Pour accompagner les politiques d’insertion et de lutte contre l’exclusion, il faut faire travailler ensemble tous les acteurs des territoires et définir clairement la gouvernance territoriale. Nous revendiquons un pilotage départemental », souligne le président du département qui se félicite que le Nord ait été choisi par le gouvernement avec trois autres départements pour servir de laboratoire d’étude des politiques territoriales d’insertion.
L’objectif du gouvernement est d’étudier deux territoires déjà avancés sur la mise en place de « conseils départementaux de l’action sociale » (Le Nord et la Meurthe et Moselle) ainsi que deux autres qui travaillent aussi sur ces sujets, la Drôme et le Val d’Oise.
« Il s’agit d’évaluer ce type d’organisation territoriale afin de pouvoir les étendre à l’ensemble des territoires à l’horizon 2015, avec les départements pour chefs de file », détaille François Chérèque.
Evolution des publics – En plus de l’augmentation des allocataires du RSA, le département du Nord doit faire face à une forte évolution des publics, avec notamment une montée en puissance du public féminin.
« 74 % des allocataires sont désormais des femmes, seules avec enfant. Or, elles ne sont aujourd’hui concernées que par 30 % des offres d’insertion », illustre Roger Vicot, vice-président délégué à la solidarité et à la lutte contre les exclusions du conseil général du Nord qui conclut que tous les acteurs de l’insertion soulignent l’urgence de changer de braquet.
Aujourd’hui, plus de 300 000 nordistes survivent grâce au RSA. Soit plus de 11 % de la population du département, qui consacre 507 millions d’euros à cette allocation et 47 millions à sa politique volontaire d’insertion.
Déboucher l’avenir des emplois d’avenir
Prise en charge à 100 % des emplois d’avenir pour les associations et les collectivités de la région Nord-Pas-de-Calais qui embaucheront de jeunes allocataires du RSA. Malgré ces conditions avantageuses, sur lesquelles le département du Nord s’est fortement impliqué en partenariat avec la région Nord-Pas-de-Calais et le département du Pas-de-Calais, le dispositif tarde à décoller. « Des assouplissements sur les critères d’embauche sont impératifs. Un bac + 2 sans emploi au RSA est aussi désespéré qu’une personne sans qualification. Sans dérogations, l’objectif du gouvernement de 150 000 embauches ne sera jamais atteint », constate Patrick Kanner, président national de l’Union nationale des centres sociaux d’action sociale (Unccas).
Un plan départemental d’insertion participatif
Pour rédiger son nouveau programme départemental d’insertion prévu pour novembre, le département a lancé une démarche d’évaluation de l’offre d’insertion. Elle a été réalisée de mai à septembre 2012 par le cabinet ASDO. Fin janvier 2013, le département a ensuite lancé un appel à contributions auprès des acteurs et des partenaires de l’insertion. 40 contributions ont permis d’alimenter les débats des états généraux du 10 avril 2013. Ces derniers serviront de base à la rédaction du nouveau programme qui sera doté d’une commission territoriale « qui définira les priorités et assurera le suivi et l’évaluation du programme d’action », note Patrick Kanner.
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