Valéry Molet, directeur général des services de la Seine-Saint-Denis, explique dans « La Gazette » du 18 février 2013 pourquoi « il faut fusionner l’ENA et l’Inet ». Il est dans l’erreur. Le métier dans les collectivités territoriales et le métier dans les services de l’Etat sont éminemment différents.
Dans le premier, l’aspect management et gestion l’emportent. Dans le second, l’aspect réglementaire, aujourd’hui plus qu’hier, prime.
De plus, la logique de proximité, qui sous-tend l’action dans les collectivités territoriales, suppose une nécessaire souplesse intellectuelle, alliée à une exigence de réactivité et d’efficacité opérationnelles pas nécessairement en rapport avec la culture des hauts fonctionnaires d’Etat.
Aujourd’hui, il est vrai que nombre de hauts fonctionnaires territoriaux sont dans une démarche de mimétisme avec ces derniers. Ce sont ceux-là même, qui, souvent, ont perdu l’esprit de la décentralisation avec ce qu’il comporte d’approche créative et imaginative ainsi que d’écoute attentive des partenaires et administrés.
Au lieu de cela, nous avons de plus en plus une approche très hiérarchisée avec un millefeuille de responsables, source de processus décisionnel complexe qui bride les initiatives, alors même que, dans toute organisation, c’est la transversalité qui fait avancer les sujets ou les projets de manière optimale.
Des managements intrinsèquement différents – Si nombre de mes collègues considèrent équivalente les deux fonctions publiques, c’est qu’ils sont dans ce schéma-là et l’on peut s’interroger alors si l’Inet fait bien son office par rapport à la spécificité du monde des collectivités territoriales. En tout cas, j’ai la forte conviction d’une nécessaire et utile différence en termes de management, d’où une formation obligatoirement adaptée, car devant répondre aux objectifs que doivent s’assigner d’une part, les collectivités territoriales et d’autre part, l’Etat.
A cet égard, il faut revenir à des principes simples :
- aux premières, le soin de développer des projets de territoire dynamiques, avec le souci de l’efficacité opérationnelle ;
- au second, celui d’en créer les conditions favorables, non pas par une réglementation sourcilleuse et souvent inopérante, mais en revenant à un rôle de puissance publique apte à permettre un aménagement équilibré de notre pays dans toutes ses composantes.