Alors que de 1994 à 2006, la France était « le pilote mondial dans le traitement des héroïno-dépendants », avec notamment les médicaments de substitution aux opiacés, elle « s’est endormie sur son glorieux passé », a expliqué le Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions, qui a appelé à la création d’une Agence nationale de recherche sur les addictions, qui serait notamment chargée de la validation de nouveaux médicaments.
160.000 personnes sous traitement en 2012 – La France compte plus de 180.000 personnes dépendantes à l’héroïne et environ 500.000 personnes en auraient déjà consommé une fois dans leur vie, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicologies (OFDT).
En 2012, 160.00 personnes ont bénéficié d’un traitement de substitution aux opiacés (méthadone ou buprénorphine), a précisé M. Lowenstein, lors d’une rencontre avec la presse organisée par le groupe pharmaceutique Reckitt Benckiser Pharmaceuticals.
Mais désormais, outre une partie de cette population qui ne peut arrêter ces médicaments de substitution (qu’elle prend parfois depuis plus de vingt ans), une « nouvelle population, poly-dépendante et précaire » a fait son apparition, explique-t-il, en lien avec une migration venant des pays de l’Est. « L’immigration de l’Est a augmenté l’utilisation de la voie intraveineuse, a entraîné une certaine violence et une difficulté d’accès aux soins », notamment en raison d’un problème de langue, affirme-t-il.
Le problème du « mésusage » – « Les décès ré-augmentent, les overdoses ré-augmentent », ajoute le spécialiste, soulignant aussi l’importance du « mésusage » des médicaments de substitution. « Le mésusage est à différencier du trafic. C’est un patient qui fait ce qu’il peut avec une molécule qui ne lui convient pas », a-t-il expliqué, insistant pour « une amélioration des pratiques professionnelles » et « une réorganisation de la politique liée aux addictions »
Les usagers d’héroïne consomment désormais aussi de la cocaïne, du cannabis, des médicaments psychotropes, du tabac et de l’alcool, a souligné le psychiatre et addictologue Laurent Karila. Selon lui, ils ont « tendance à remplacer l’héroïne par d’autres drogues, dont les drogues de synthèse », ce qui se traduit par exemple par l’injection de dérivés morphiniques acquis notamment via le trafic de rue.
« Tout ceux qui prennent des drogues ne deviennent pas dépendants », a rappelé le Pr Jean-Pol Tassin, neurobiologiste, mais la dépendance est « une pathologie quasi irréversible », « une modification du système nerveux centrale », « une maladie chronique », a-t-il ajouté.
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