Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, qui était cité comme témoin, « ne se présentera pas devant votre tribunal », a déclaré Me Michel Bertin, avocat de l’entreprise publique, à l’ouverture de l’audience.
Il se manifestera par le biais d’une « déclaration aux victimes » lue par sa directrice régionale Rhône-Alpes Josiane Beaud, a ajouté Me Bertin.
« M. Pepy, lorsqu’il a eu connaissance de cet accident, s’est immédiatement rendu sur place », a-t-il rappelé.
Les avocats des parties civiles ont regretté cette décision.
« J’espère, et derrière moi les familles des victimes, que ce qui a été annoncé peut être revu », a déclaré Me Denis Dreyfus, qui était à l’origine de la citation de M. Pepy comme témoin.
Des infrastructures dangereuses – Si M. Pepy était cité, c’est que nous avions un certain nombre de questions précises » à lui poser, a-t-il ajouté, évoquant notamment « le retour d’expérience sur ce qui a été fait après cette catastrophe ».
Le 2 juin 2008, un TER assurant la liaison entre Evian-les-Bains et Genève avait percuté un car scolaire en Haute-Savoie, tuant sept collégiens âgés de 11 à 13 ans et faisant 25 blessés. Le professeur qui avait organisé la sortie s’était suicidé 45 jours plus tard.
Les trois prévenus sont poursuivis pour homicides involontaires et blessures involontaires.
Il est reproché au chauffeur du car, Jean-Jacques Prost, d’avoir effectué des manoeuvres maladroites, des imprudences et des erreurs d’appréciation, notamment d’avoir arrêté son véhicule en pleine traversée du passage à niveau.
Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF sont eux poursuivis pour n’avoir pas suffisamment tenu compte de la dangerosité du passage à niveau d’Allinges pour les autocars et les poids lourds, qui mettaient un temps trop long à le traverser au regard du délai de fermeture des barrières.
« Il suffit de franchir une fois ce passage à niveau pour se rendre compte que n’importe quel véhicule de gros gabarit le franchit avec difficulté », a affirmé avant l’audience Me Georges Rimondi, avocat des parties civiles. « Une des attentes des familles, c’est de faire en sorte qu’un pareil drame ne se reproduise plus », a-t-il ajouté.
« Le problème de ce dossier, c’est qu’il n’y a pas qu’une cause qui explique cet accident. Il y a la faute du chauffeur mais dans une infrastructure qui est dangereuse », a affirmé pour sa part Me Frédéric Noetinger, avocat de sept familles.
Quant à Me Adrien-Charles Dana, avocat du chauffeur, il a assuré en arrivant au tribunal que son client attendait « la vérité pour les familles ».
RFF a déjà été condamnée en 2006 pour homicide involontaire par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. La SNCF compte elle 5 condamnations pour homicide involontaire et blessures involontaires depuis 1999.
Les deux entreprises publiques sont passibles d’une amende de 450.000 euros chacune.
Le procès doit durer jusqu’au 12 avril.
Thèmes abordés