«Attention danger », serait-on bien tenté d’alerter à la lecture du baromètre 2013 que « La Gazette » et « emploipublic.fr », associés au cabinet Pragma, viennent de réaliser en ce début d’année.
Car, en un an, l’édifice est ébranlé et le bien-être au travail des agents de la FPT considérablement fragilisé, comme l’indique l’évolution de leur opinion.
Bien sûr, deux répondants territoriaux sur trois restent satisfaits (66 %) et même fiers (68 %) de travailler pour leur collectivité. Ce n’est pas rien. Et gageons que de nombreuses entreprises privées envieraient un tel taux, elles qui, selon la Cegos en 2012, ne réunissent que 56 % de salariés « fiers de leurs entreprises ».
Mais, aussi beau soit-il, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les courbes enregistrent, en effet, une baisse de 8 et 6 points chacune par rapport à 2012, le niveau de satisfaction globale ayant nettement diminué, depuis, pour 56 % des répondants.
Sentiments et ressentiments – Pourquoi une telle chute ? S’inscrit évidemment au rang des explications un climat général enclin à la sinistrose. Dans un paysage socioéconomique toujours plus altéré, la déception, née du gel indiciaire annoncé pour la quatrième année consécutive, pèse sans doute.
D’ailleurs, l’insatisfaction des agents de catégorie C baisse de 9 points, tandis que 64 % d’entre eux attendent de leur collectivité le maintien de leur pouvoir d’achat, contre 57 % pour l’ensemble des catégories. Mais force est de constater, aussi, qu’au sein même de l’organisation territoriale apparaissent, comme sur un œuf fragile, de menaçantes craquelures.
Certes, huit agents sur dix valorisent toujours l’exercice d’une mission de service public, la satisfaction des usagers et l’intérêt du travail comme premiers accomplissements professionnels, révélant ainsi un sens aigu de leur mission de service public.
Agents – management : l’incompréhension – Cependant, la qualité des relations avec la hiérarchie s’effrite de trois points (à tout juste 52 %) alors que s’accentuent de profonds « malentendus » managériaux.
Ainsi les outils mis en place pour faciliter le travail des agents (clarté des règles, cohérence des actions avec le projet politique, fluidité des modes de décision&hellip) ne rencontrent pas leur objectif pour plus de sept répondants sur dix !
Alors que le manque de dynamisme de l’organisation interne est particulièrement pointé par deux agents sur trois, plus de quatre agents sur dix disent même ne déceler aucune aide, ni dans les pratiques managériales ni dans la politique des ressources humaines réalisées dans leur structure !
Malgré leurs attentes fortes concernant la confiance et le sens, le fossé s’élargit donc entre le personnel des collectivités et leurs supérieurs dont la reconnaissance, comme celle des élus employeurs, se fait toujours attendre (plus de 50 % d’opinions négatives et – 7 points par rapport à l’an passé pour chacun de ces items).
La fêlure gagne entre le sens donné à sa mission et les conditions dans lesquelles celle-ci s’exerce. Résultat : des agents majoritairement en proie au doute quant à leur avenir professionnel, malgré une bonne qualité du cadre de travail et une confiance recouvrée en la fonction publique – effet « Hollande » oblige. Or comment avancer avec des troupes désenchantées ?
La méthode de l’enquête
Réalisé pour la seconde année pour La Gazette par le cabinet conseil en relations humaines PRAGMA, le questionnaire a été proposé via Internet. Sans prétendre à la représentativité d’un sondage, ce baromètre donne une photographie de l’opinion des 4 600 agents qui ont spontanément répondu, tous statuts, secteurs et collectivités confondus. Afin de garantir la pertinence du résultat au regard du poids respectif de chaque catégorie, un redressement statistique a été opéré.
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Baromètre exclusif - Bien-être au travail : Les clignotants passent au rouge
Sommaire du dossier
- Une fierté effritée, une reconnaissance en berne
- Le management remisé au coin !
- Des fonctionnaires territoriaux engagés, lucides et responsables
- Bien-être au travail dans la fonction publique territoriale : les clignotants passent au rouge
- Peu de pression mais une grande lassitude
- Marylise Lebranchu, ministre de la fonction publique : « Il faut une vraie réflexion sur la mobilité et les carrières»