Dans une logique de territoire, il est utile que chaque collectivité cherche à augmenter le volume des données qu’elle libère. Elle peut d’abord puiser dans ses propres ressources.
Ainsi, Nantes métropole « a fait le choix d’ouvrir des données en cohérence avec la politique locale : mobilité et déplacements, environnement et culture-tourisme », explique Jean-Pierre Bailly, directeur des ressources numériques. Mais ces informations ne représentaient que 50 % de celles publiées au démarrage, les 50 % restants étant constitués de données faciles à extraire : urbanisme, citoyenneté-administration, sports et loisirs.
Les DSP en renfort – Les données des délégataires de service public peuvent-elles être mises à disposition ? Oui, si elles appartiennent par contrat au délégant, ce qui est encore assez rare. Dans le cas contraire, leur ouverture nécessite l’autorisation du délégataire, qui n’est pas obligé de le faire gratuitement. Decaux, par exemple, s’y refuserait à l’heure actuelle.
Afin d’anticiper de tels refus, collectivités et intercos ont tout intérêt à négocier des accords à l’occasion des renouvellements de contrats de DSP.
A Rennes métropole, propriétaire des données de transports depuis dix ans, obtenir cet accord n’a pas posé de problème pour le nouveau contrat 2012-2017 : Keolis continuera d’alimenter gratuitement en données la plateforme d’open data, en temps réel. L’agglomération songe par ailleurs à la publication des informations sur les déchets en partenariat avec son délégataire, Sita.
Mais des données du territoire peuvent aussi provenir d’autres administrations, de l’Etat, voire d’associations, d’entreprises…
Claire Gallon, de Libertic, douche cependant les enthousiasmes, estimant que les préfectures, par exemple, n’ont pas suivi le mouvement, même lorsqu’elles se situent sur le territoire de collectivités qui avaient initié l’open data.
« Seule la préfecture de police de Paris est engagée, fournissant aujourd’hui des informations sur les zones de stationnement, la localisation des fourrières ou les places pour personnes invalides, mais pas sur les effectifs des polices municipales. »
L’exception Paca – Existe-t-il un début de modèle ? La région Paca a entraîné dans le sillage de sa plateforme tous les partenaires de Marseille-Provence 2013 capitale européenne de la culture : la communauté urbaine, bien sûr, mais aussi les agences régionales du livre et du spectacle, Bouches-du-Rhône Tourisme, la chambre de commerce et d’industrie de Marseille, le comité régional du tourisme, le centre régional de l’information géographique, la fédération régionale des offices de tourisme, le port de Marseille, la régie culturelle régionale.
Ensuite, « l’ensemble des acteurs de Paca qui souhaiteront se joindre à ce mouvement » sont invités à le faire. La démarche de territoire est complète. Claire Gallon estime d’ailleurs que les sites regroupant des données d’associations, d’entreprises, de collectivités, etc., vont se multiplier, portés ou non par ces dernières.
Travailler ensemble – Les actuels contrats de DSP n’obligent pas les délégataires à fournir gratuitement leurs données. « Travaillons, par le biais d’Open data France, à un modèle de contrat », suggère Jean-Marie Bourgogne, directeur du programme « Montpellier territoire numérique ».
Quand les citoyens se prennent au jeu
Historiquement, l’open data était justifié par deux préoccupations : la création d’emplois par le développement de services et la transparence de la vie publique. Ce qui était moins envisagé, c’était la manière dont s’en saisiraient certains citoyens qui, ici et là, enrichissent d’eux-mêmes les données des collectivités (« crowdsourcing »), comme ces randonneurs de Loire-Atlantique lors de « cartoparties » coorganisées par le conseil général.
Selon Simon Chignard, consultant en usages du numérique, « ce qui nous manque, c’est l’application de la boucle de rétroaction : une organisation ouvre des données, qui servent ensuite à des tiers pour améliorer les actions de l’organisation… une sorte d’open data version 2 ».
Montpellier s’inscrit tout à fait dans cette logique pour la deuxième version du calculateur d’itinéraires pour personnes à mobilité réduite Handimap : « Les données de la ville doivent être complétées par celles d’autres collectivités locales ou d’opérateurs privés. D’où les sorties sur le terrain d’associations de personnes handicapées pour alimenter Open street map », explique Jean-Marie Bourgogne, directeur du programme « Montpellier territoire numérique ». Déjà, d’autres villes s’intéressent à cette démarche.
Cet article fait partie du Dossier
Open Data et réutilisation des données publiques : des promesses vertigineuses
Sommaire du dossier
- Les grandes collectivités, locomotives de l’open data
- L’Union européenne précise les modalités de publication des données ouvertes
- Culture de la donnée : zoom sur deux projets territoriaux
- Echange de données : ce que change la loi 3DS
- Données et algorithmes : une feuille de route dessine la relation Etat-collectivités
- Une circulaire pour une meilleure circulation des données
- Garantir la souveraineté de la collectivité sur ses données
- Garantir la transparence et l’ouverture des données publiques
- Dijon géolocalise ses bassins d’emploi pour mieux identifier leurs besoins
- Protéger les données à caractère personnel
- Des idées de nouveaux services foisonnent grâce à l’open data
- Ce qu’il faut retenir du projet de loi pour une République numérique
- Rennes métropole dresse un bilan nuancé de son service public de la donnée
- Open data et collectivités : qui fait quoi, et comment ?
- Open data : « Le mouvement qui s’enclenche est inéluctable » – Axelle Lemaire
- « L’opendata est avant tout un projet organisationnel » – Laurence Comparat
- Mobilité : l’échange de données est-il gagnant-gagnant ?
- Les alléchantes données d’Uber aiguisent l’appétit des collectivités
- « Voir les données comme une infrastructure est un enjeu majeur de souveraineté » – Henri Verdier
- Une interco pionnière dans l’ouverture des données
- “L’open data par défaut ne pourra pas se faire sans médiation numérique” – Samuel Goëta
- Révision à la baisse de l’opendata dans les collectivités locales
- Open data, un nouvel élan pour le tourisme
- Libre accès aux données publiques : comment mettre en œuvre les nouvelles obligations
- Open data : comment réussir l’ouverture de ses données publiques
- En Nouvelle Aquitaine, l’observatoire Nafu affûte la connaissance du foncier grâce aux données publiques
- « L’open data ne devrait être qu’une des modalités d’ouverture des données publiques »
- Open data : l’Occitanie est un territoire-pilote
- Rennes construit le « service public métropolitain de la donnée »
- Quand les agences d’urbanisme se saisissent de l’open data
- Coopération public – privé et données : comment et pourquoi les collectivités doivent reprendre la main
- Le décret sur les données de référence, nouvelle pierre pour la généralisation de l’opendata
- Projet de loi Valter : un (tout) petit pas pour l’opendata
- Réutilisation des données publiques : des promesses vertigineuses
- L’open data, atout maître dans la course aux économies ?
- L’ouverture des données publiques en France reste perfectible
- Mobilités : les collectivités se rapprochent d’Uber, Waze et Blablacar
- La métropole, « bonne échelle pour développer le service public local de la donnée »
- Le fouillis des licences open data s’éclaircit [Fiche pratique]
- “Les données d’autorité restent un instrument de souveraineté”- Pascal Berteaud, DG de l’IGN
- Open data : le service public augmenté – Des données ouvertes de plus en plus cadrées
- Données publiques : une nouvelle économie des services publics en débat
- Les acteurs publics, gros acheteurs des données… publiques
- OaklandOpenBudget ou quand les citoyens se saisissent de l’Open Data
- Open data : quels coûts pour les collectivités territoriales
- Open data : le service public augmenté – 1. Cap sur la réutilisation
- Open data : le service public augmenté – 3. Des territoires riches de données
- Open data : le service public augmenté – 2. L’atout de la mutualisation
- L’open data, véritable voie de modernisation pour les administrations
- Open data et tourisme : un potentiel qui reste à transformer
- « Les collectivités, premières bénéficiaires de l’open data » – Claire Gallon, LiberTIC
- Open data : la transparence démocratique demeure virtuelle
- La FING, partenaire et centre de ressources
- Une évaluation sans concession mais lucide de l’open data en Loire-Atlantique
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