Contraintes ou volontaires, les collectivités vont devoir sérieusement préparer l’ouverture de leurs données publiques. Contraintes, puisque le comité interministériel de la modernisation de l’action publique de décembre, tout en réaffirmant le principe de la gratuité des données publiques de l’Etat pour leur réutilisation, y associait explicitement les collectivités, « en concertation ».
Le gouvernement compterait même franchir un cap en obligeant la publication des données brutes dans le projet de loi de décentralisation. Dès lors, il leur faudra aborder le sujet par le bon bout. Si elles ont beaucoup à gagner et peu à perdre, les termes du débat sont, aujourd’hui, souvent mal posés, freinant une véritable appropriation de la démarche.
Une vraie transparence – Première posture erronée : la transparence de la vie publique, offerte par l’ouverture des données serait lourde de menaces, car forcément mal réutilisées par les citoyens.
Des cartes de la criminalité par rue verraient le jour, stigmatisant des quartiers, les oppositions politiques déformeraient les données budgétaires…
Cela se produira certainement, mais en quoi cela diffère-t-il du débat démocratique actuel ? Cacher les données empêche-t-il que ces questions soient posées, voire instrumentalisées ? L’invocation de mauvais usages potentiels évite surtout de se concentrer sur les vraies questions : la publication des données publiques permettra-t-elle une vraie transparence ? Les citoyens l’attendent-ils ?
A en croire le « baromètre de la confiance politique », publié le 15 janvier par le Cevipof, le doute n’est pas permis. La confiance des Français dans toutes les autorités publiques, y compris le conseil municipal, est en chute libre depuis 2009.
Beaucoup à gagner – Deuxième posture erronée : la réutilisation des données publiques doit créer de l’activité économique, entraînant aussitôt un autre mauvais débat sur la gratuité.
Certes, la Commission européenne a estimé, en 2011, à plus d’un milliard d’euros le marché de la réutilisation des données publiques, mais en quoi cela concerne-t-il les administrations ? L’enjeu se situe auprès des acteurs économiques, à condition de disposer des données pour le faire…
Les collectivités volontaristes ont donc, surtout, beaucoup à gagner. En interne, d’abord, car la démarche suppose de repenser son système d’information et valorise le travail de nombreux agents.
A l’externe, ensuite, en ouvrant un dialogue avec les associations et les citoyens, pour imaginer de nouveaux services correspondant à leurs attentes, à l’instar des pratiques de Montpellier ou d’autres. Pour le reste… semons les données et voyons ce qui pousse.
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