Il faut aujourd’hui cesser de se voiler la face : si la charge foncière des projets de constructions est aussi importante, c’est d’abord parce que le foncier est rare, ou plus précisément parce que les droits à construire sur le foncier disponible sont accordés de façon trop parcimonieuse.
L’urbanisme français est en effet victime, les uns diront, de son efficacité, les autres, de son conservatisme. L’ouverture de nouvelles zones à l’urbanisation y est assez maîtrisée, et les possibilités de densifier ou de reconvertir des zones déjà urbanisées sont quasiment réduites à néant.
L’exemple des zones pavillonnaires issues des lotissements des années 20 et 30 en Ile-de-France le montre avec une grande netteté : leur forme demeure intangible et la moindre construction d’un logement collectif soulève des oppositions de voisinage très violentes.
Afin de rendre le foncier accessible, il faut donc articuler ces deux problématiques : pour réduire les oppositions, celles des populations locales stables électrices et d’agent d’influence locale, il faut les acheter.
Précisément, le développement des droits à construire constitue un instrument financier à bon compte pour les collectivités et pour l’Etat, puisqu’il ne leur coûte rien.
Par exemple, porter dans une zone pavillonnaire le coefficient d’occupation des sols de 0,3 à 2 (on est donc fort au-dessus de la hausse des droits à construire de 30 % instaurée par Nicolas Sarkozy, laquelle vient d’être abrogée), signifie que chaque propriétaire pourra vendre son terrain à un promoteur immobilier à un prix supérieur à la valeur du pavillon qui y est implanté.
La monétisation supérieure de son patrimoine permettra ainsi de diminuer les oppositions.
Mais la multiplication par presque dix des droits à construire créera aussi un effet d’abondance du foncier qui, de manière tendancielle, conduira à réduire le prix du mètre carré constructible : le mécanisme de la dévaluation appliqué à l’immobilier.
Cercle vertueux – Enfin, elle assurera aux collectivités des recettes fiscales, sur les plus-values, d’abord, sur les constructions, ensuite. Même si une telle perspective n’apparaît pas nécessairement morale, qu’elle doit faire l’objet de garde-fous, elle n’en produit pas moins un cercle vertueux : densification, construction, recette fiscale et baisse du prix du foncier.
Au regard de ces avantages, elle mériterait sérieusement d’être examinée.
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