Menée en ligne, du 12 février en soirée au matin du 14 février, auprès d’un échantillon de 1 617 personnes de plus de 18 ans, l’enquête Harris interactive montre :
– une bonne identification du sujet par les personnes interrogées de la réforme en cours : 91 % en ont déjà entendu parler, 76 % des parents d’enfants scolarisés en école primaire la connaissent ;
– des attentes sur les cycles : 50 % des interrogés considèrent qu’il serait préférable que cette organisation soit différente entre les élèves de maternelle et d’élémentaire, quand 43 % estiment qu’il faudrait que cette organisation soit la même pour tous ;
– un avis contrasté sur le caractère obligatoire des activités périscolaires supplémentaires : 48 % des personnes interrogées indiquent qu’il faut que ces activités soient obligatoires, quand 43 % mentionnent le contraire ;
– une attente de gratuité des activités périscolaires supplémentaires : 62 % du panel considère qu’il faut que ces activités périscolaires soient gratuites pour tous, 24 % que leur prix devrait varier selon le niveau de revenus des parents et 7 % qu’elles devraient être payantes et au même prix pour tous les élèves. 77 % des parents d’enfants scolarisés en école primaire plébiscitent la gratuité des activités pour tous ;
– des idées sur le créneau horaire de ces activités : 68 % des parents d’enfants scolarisés en primaire interrogés préfèreraient que ces activités se déroulent en fin de journée, après une journée de classe qui se termine à 15 h 30, seuls 29 % d’entre eux plébiscitent une pause méridienne plus longue (de 2 h 30), pendant laquelle seraient organisées les activités périscolaires, avec une fin des cours à 16 h 30 ;
– la crainte, pour 62 % des interrogés, de voir les inégalités sociales se creuser ;
– des doutes quant aux capacités des communes à mettre en œuvre la réforme des rythmes : 45 % des personnes interrogées estime que leur commune ne dispose pas des infrastructures suffisantes pour accueillir les élèves dans le cadre des activités périscolaires qui seront mises en place. Pour 57 % des répondants, la commune ne dispose pas de suffisamment de personnel qualifié pour organiser les activités et encadrer les élèves. Les habitants des communes de moins de 2 000 habitants se montrent largement plus sceptiques sur la capacité de leur commune, tant en termes d’infrastructures que de personnel encadrant ;
– un refus de payer les activités périscolaires supplémentaires : 73 % des personnes interrogées refusent d’avoir à payer plus d’impôts locaux pour financer les activités périscolaires proposées aux élèves d’école primaire de la commune et permettre leur gratuité ;
– peu d’enthousiasme pour une application en 2013 : seuls 12 % des répondants considèrent que la réforme doit être mise en place dans toutes les écoles du territoire dès la rentrée de septembre 2013, 33 % d’entre eux privilégient plutôt une mise en place de la réforme en 2014, et 48 % adoptent une position intermédiaire, estimant que la réforme doit être mise en place progressivement, c’est-à-dire dès 2013 dans certaines écoles et en 2014 pour les autres ;
Opposition sur la date d’application – Alors, faut-il reporter l’application de la réforme des rythmes à 2014 ? Les fédérations de parents d’élèves ont fait entendre leur voix sur le sujet : la PEEP milite pour un report en 2014, tandis que la FCPE exige une application dès 2013.
« Pourquoi attendre un an de plus, que va-t-on en faire ? » s’insurge Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE. Et d’expliquer : « La réforme est applicable en l’état. N’oublions pas que la réforme des rythmes scolaires, c’est, avant tout, changer le temps scolaire. Il s’agit avant toute autre chose de ramener le temps de classe quotidien à environ 5 h, tout en multipliant les moments de classe. Pourquoi ? Parce qu’en 2008, avec la semaine des 4 jours secs, le gouvernement précédent a supprimé 40 jours de classe aux enfants. C’est la suppression de ces nombreuses occasions d’avoir cours qui pénalise les enfants, surtout les plus en difficulté. Alors, cette réforme ne sera pas parfaite, mais penser qu’on peut aboutir à quelque chose de parfait d’un seul coup, c’est croire au Père Noël ! Les rythmes, c’est un chantier en mouvement », estime le président de la FCPE.
La PEEP préfère la prudence. « On se rend bien compte que les collectivités ne seront pas prêtes à temps pour septembre 2013, qu’elles ne disposent pas du personnel nécessaire. Il faut aussi laisser du temps pour élaborer, dans la concertation locale, le projet éducatif, car il n’est pas question que le périscolaire supplémentaire vienne juste boucher des trous ! » contre Valérie Marty, présidente de la PEEP.
Quelles conditions pour le projet éducatif territorial ? – « Le temps des élèves n’a jamais été un temps uniquement scolaire : il faut donc accompagner son aménagement. Après la classe, il y a un temps éducatif, non-scolaire, qui peut valoriser des apprentissages différents, dans un principe de co-éducation », avance Jean-Jacques Hazan.
Certes, mais l’assouplissement des taux d’encadrement et la classe le mercredi matin ne provoqueront-ils pas un afflux d’enfants, pour la plus grande crainte des animateurs périscolaires ?
« Je comprends ces craintes, car les animateurs sont une profession en mal de reconnaissance. Et d’ailleurs, les enseignants ne sont pas forcément bienveillants à leur égard. Mais il faut prendre cet assouplissement comme une occasion de renforcer la formation et les compétences des animateurs », estime la présidente de la PEEP.
De son côté, le président de la FCPE reconnaît que l’horaire de 15 h 30, impliquant la gestion potentielle de tous les élèves et non plus du volume d’inscrits actuels (qui varie entre un tiers et un quart des élèves inscrits dans un établissement scolaire) peut s’avérer délicate.
« La solution ne sera pas unique et elle n’existera qu’au travers d’un projet éducatif local qui puise dans les écoles de musique ou les associations du territoire », reprend Jean-Jacques Hazan.
Quelles sont les attentes des parents aujourd’hui ? – « Nous demandons la création de commissions locales, réunissant tous les acteurs pour un vrai travail en commun. C’est d’autant plus important qu’il ne faut pas que les activités périscolaires en plus soient payantes : elles doivent être obligatoires et gratuites ! » avance Valérie Marty.
Voilà de quoi faire bondir l’Association des maires de France, assurément !
La journée d’école idéale
Les deux fédérations de parents d’élèves majoritaires s’accordent sur l’organisation suivante pour la journée de l’élève :
- une entrée progressive dans l’école, par le biais d’un sas de 8 h 30 à 9 h, avec un début des cours plus tardif, vers 9 h, y compris pour les maternelles
- une pause méridienne allongée, dépourvue d’enseignements scolaires et libre d’apprentissages éducatifs différents
- une reprise des cours soit en début d’après-midi, soit vers 16 h, pour correspondre aux pics d’attention relevés par les chronobiologistes
C’est l’allongement de la pause méridienne qui constitue une pomme de discorde avec les enseignants.
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