Ce devait être une grande fête populaire ponctuant l’année européenne de la culture à Marseille. L’organisation du concert monstre de David Guetta et de Mika, le 23 juin 2013 au parc Borély, est en fait en passe de tourner à l’aigre depuis qu’un artiste marseillais, Lionel Corsini, a lancé une pétition contre une subvention de 400 000 euros accordée à la société de production organisatrice, Adam Productions, et la mise à disposition gratuite du lieu du concert.
Depuis quelques jours, le compteur s’emballe : mercredi, il affichait presque 8 200 signatures alors que le groupe Facebook « Commando anti 23 juin » qui en est à l’origine affiche lui plus de 24 000 membres.
« Cette pétition ne conteste pas la programmation mais son enveloppe publique qui est d’autant moins justifiée que les contribuables financeront un événement qu’ils devront payer par ailleurs, entre 44 et 59 euros », s’insurge-t-il.
L’artiste conteste en outre l’utilisation de ces sommes « qui auraient pu bénéficier à des associations dans le besoin contribuant réellement au rayonnement de Marseille ».
Il évalue les recettes, hors subvention, à 1,1 million d’euros. « C’est un cadeau de la ville à une entreprise privée », dénonce-t-il.
Haro politique – Le scandale a gagné l‘hémicycle municipal. Patrick Mennucci, président du groupe socialiste, vient ainsi de signaler l’affaire au préfet des Bouches-du-Rhône en espérant qu’il saisisse le tribunal administratif ou tout au moins réclame au maire l’appel d’offres qui n’a pas été réalisé.
« Dans un arrêt du 23 mai 2011, le Conseil d’Etat saisi pour une affaire similaire concernant la même maison de production a confirmé l’annulation prononcée par le tribunal administratif et rappelé que l’octroi de subventions ne déroge pas à l’obligation d’un appel d’offres », argumente-t-il.
La question s’est également invitée au dernier conseil municipal – lundi 11 février – où l’opposition a crié au scandale. « Ce concert est une ‘double paye’ pour les Marseillais qui risque de creuser un profond malaise alors que la même municipalité a refusé que le festival local Marsatac se tienne sur le littoral à cause des nuisances sonores », dénonce ainsi Christophe Madrolle, conseiller municipal MoDem.
La majorité sereine – Yves Moraine, chef du groupe UMP, et avocat dans le civil, assume : « Le dossier a été voté dans les règles et à l’unanimité le 10 décembre. Il pallie l’absence d’un grand concert populaire par l’organisation de Marseille Provence 2013. Nous avons facilité son organisation comme d’autres collectivités l’ont fait en finançant des manifestations qui pour l’essentiel sont destinées à un public averti. Nous avons par ailleurs trouvé un sponsor pour la moitié de la subvention et en contrepartie, la ville disposera de places gratuites et d’un tarif inférieur au prix habituel pour ce type de concert. C’est donc un cadeau supplémentaire à Marseille pour 2013. »
Un arrêt rendu par le Conseil d’Etat le 28 janvier 2013 pourrait servir ses arguments. Déboutant la décision de la cour administrative de Lyon qui avait jugé illégale l’absence d’appel d’offres pour un marché à prestataire unique, il a considéré que dans de tels cas spécifiques, où l’entreprise contractante est la seule à pouvoir fournir la prestation demandée (par exemple parce qu’elle en a l’exclusivité), une collectivité peut déroger aux obligations du Code des marchés publics.
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