La situation délicate que traverse à nouveau Le Mans FC repose la question du partenariat public-privé conclu par la ville avec le groupe de BTP : unique candidat en lice, ce dernier avait obtenu en 2008 le contrat de concession pour la construction et l’exploitation durant 35 ans de l’enceinte sportive, inaugurée en 2011.
Le trou de 7 millions d’euros affiché par le club pour un budget de 11 millions menace le très fragile modèle économique de l’opération et expose directement la ville.
Preuve de l’importance du sujet, le maire Jean-Claude Boulard réunira le 14 février 2013 le conseil municipal extraordinaire. Dans l’attente, il ne souhaite pas faire de déclaration officielle mais multiplie les réunions et discussions en coulisses. Il faut faire vite : la DNCG, le gendarme financier du football professionnel, entendra les dirigeants du Mans FC le 28 février.
Frilosité des acquéreurs potentiels – Déjà, en juillet 2012, seul un plan de sauvetage de dernière minute avait permis à l’équipe de Ligue 2 d’échapper à une rétrogadation en troisième division nationale. Le trou n’était alors « que » de 3 ou 4 millions. Outre le départ de quelques joueurs et une augmentation de capital, la solution entérinée par les autorités prévoyait la vente du centre d’entraînement, laquelle n’est toujours pas effectuée : censée réduire le déficit de 2 millions, la transaction se heurte à la frilosité d’acquéreurs potentiels. Et, même si elle se réalise, il faudra trouver un ou plusieurs investisseurs providentiels s’engageant sur le long terme. D’où l’appel à l’aide lancé samedi 2 février par Henri Legarda, président et actionnaire majoritaire du Mans FC, aux collectivités.
Celles-ci se retrouvent dans une position inconfortable, en particulier la municipalité qui a déjà consenti de gros efforts : elle a apporté 31,48 millions d’euros sur les 104 millions qu’a coûté le stade de 25 000 places au lieu des 35 millions annoncés lors d’une première estimation en 2002. A ses côtés, le conseil général de la Sarthe et la région des Pays de la Loire ont chacun participé à hauteur de 8,76 millions. Une sacrée facture pour une équipe qui, promue en Ligue 1 pour la première fois de son histoire en 2003, n’a passé que six années dans le championnat élite et se débat aussi sur le plan sportif pour ne pas descendre en National.
Arme atomique – Or le contrat de concession octroie à Vinci « l’arme atomique » : en cas de nouvelle rélégation, la multinationale pourra résilier la convention de concession et exiger une compensation financière pouvant s’élever à plusieurs dizaines de millions d’euros. L’an passé, Jean-Claude Boulard disait ne rien regretter de ce partenariat public-privé (1). « Vous imaginez si c’est nous qui l’avions entièrement financé, nous n’aurions plus de loyer. En même temps, aucun stade ne ne se construit aujourd’hui sans l’aide des collectivités. » L’exemple de Grenoble semble abonder dans son sens : après avoir investi 78,5 millions d’euros dans le Stade des Alpes (20 000 places) inauguré en 2008 et exploité en régie, la communauté d’agglomération a dû se résoudre à l’automne 2012 à en confier la gestion à une société privée. Entretemps, après deux saisons en Ligue 1, le club de l’Isère a dégringolé en quatrième division. A « l’ère du football business », les investissements des collectivités dans ce secteur sont plus que jamais sur la sellette.
Thèmes abordés
Régions