Le gouvernement vous demande d’imaginer la « croissance bleue », de quoi s’agit-il ?
Il s’agit de tout ce que l’économie maritime peut apporter à la croissance : énergies marines renouvelables, armements de navires, activité portuaire, transport maritime.
Pour les énergies marines renouvelables, il faut des axes de recherche et d’innovation plus précis qu’aujourd’hui et il faut structurer la filière. Pensons aussi que le transport maritime est ce qu’il y a de moins polluant !
On dit que les Français n’ont pas de culture maritime. La mer est souvent associée à des images négatives : risque de submersion marine, des ports de second rang, une industrie navale affaiblie, des conflits d’usage…
Par quoi allez-vous commencer ?
Je souscris, hélas, à ce constat. Les ports français sont dépassés par ceux de la mer du Nord, celui de Gênes et demain peut-être celui de Tanger. Mais nous avons des atouts : un littoral important, des outre-mers dont on n’a pas assez conscience de la richesse et de la biodiversité, 564 ports, un million d’emplois directs et indirects, une économie qui génère 52 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France…
Les conflits d’usage sont le nœud du problème. Il faut donc concilier, sur des territoires fragiles, les cultures marines, la pêche, le développement portuaire, la protection de l’environnement… et tenir compte d’une poussée démographique qui est inévitable, qu’il faut anticiper et canaliser. Mais les élus ont une fonction de médiateur, ils ont l’habitude de traiter ces difficultés.
Vous parlez de la transversalité, un effet de mode ?
Nos questions sont au partage des activités terrestres et maritimes, du développement économique et de la protection de l’environnement. La transversalité de la politique de la mer est donc nécessaire et l’innovation se situe aussi au partage de l’exploitation et de la protection.
Quelle assurance avez-vous d’être écouté par les décideurs politiques ?
Jusque là, on n’avait pas d’instance de réflexion sur la politique de la mer. Le CNML va simplifier les relations entre les élus, les établissements publics, les acteurs économiques, les représentants syndicaux des salariés et les associations. Nous travaillerons aussi en lien avec les conseils maritimes de façade où siègent les élus.
Chacun apporte son expertise et sa réflexion. A nous d’apporter les propositions les plus consensuelles possibles. C’est vrai qu’en France, on n’a pas toujours une forte culture du consensus, mais pourquoi le consensus serait-il mou ? Il peut être fort.
Ce sera ensuite au gouvernement de négocier pour préciser les contenus.
Nous réunirons le bureau du CNML d’ici la fin du mois de février pour structurer notre réflexion sur deux thèmes : la croissance bleue et l’enseignement maritime.
Si nous apportons des avis pertinents et consensuels, qui permettent de dépasser les contradictions, nous serons écoutés. Ce n’est pas gagné d’avance.
Nous calerons nos travaux afin de rendre des avis en fonction des agendas gouvernementaux (Assises de la mer puis, cet été, débat parlementaire annuel) et européens.
Pour qu’ils ne restent pas des vœux pieux, il faudra une gouvernance et un suivi des stratégies.
La vidéo du discours de Frédéric Cuvillier
https://www.dailymotion.com/video/xwx90wRéférences
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