L’ouverture des Assises de l’énergie, le mardi 29 janvier 2013 à Grenoble, a fait la part belle aux smart technologies. Le réseau de distribution de l’électricité et les équipements des foyers sont amenés à devenir intelligents et communicants, mais nul ne sait comment les consommateurs vont s’approprier ces équipements et faire évoluer leurs comportements. Une inconnue qui contraste avec l’excitation des industriels du secteur et l’enthousiasme des collectivités locales pour aller vers la ville intelligente de demain.
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Les superlatifs ne manquaient pas lors du débat sur les « smart » technologies qui a ouvert les Assises de l’énergie, mardi 29 janvier, à Grenoble.
Derrière cet anglicisme se cache l’idée d’intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les produits et systèmes qui nous entourent. Si de nombreux secteurs sont concernés par cette évolution et notamment tous les grands services urbains (eau, énergie, transport, etc.), l’énergie revêt une importance particulière et a mobilisé l’attention des intervenants de cette matinée.
Pour les industriels du secteur, il s’agit-là d’une vraie révolution, qui part du constat suivant : dans un monde où le coût de l’énergie augmente, où sa production se décentralise, il va falloir apprendre à moins consommer. Pour cela, notre environnement va s’enrichir d’une multitude de capteurs communicants qui produiront des montagnes de données (1), elles-mêmes étant utilisées pour développer des produits intelligents qui optimiseront nos consommations. C’est une économie du partage de la connaissance.
L’appétit des entreprises – Pour les industriels, c’est une nouvelle opportunité : « la gestion de la rareté va créer de la croissance », estime Clara Gaymard, présidente de GE France. Des milliers d’emplois sont à attendre, « particulièrement en France où nous avons de nombreuses entreprises bien placées », souligne Bernard Benhamou, représentant de la délégation interministérielle aux usages de l’Internet.
A titre d’exemple, le déploiement des 35 millions de compteurs intelligents Linky, qui est un élément important du dispositif français de création de réseaux électriques intelligents – les fameux « smart grids » -, va nécessiter un investissement de 4,5 milliards d’euros.
Selon Marc Boillot, directeur stratégie et grands projets d’ERDF, cela devrait générer 10 000 emplois entre 2014 et 2020, la moitié pour la fabrication, l’autre moitié pour l’installation.
Plusieurs étapes à franchir – Mais nous sommes loin d’y être. Le développement de ces technologies va se faire en plusieurs étapes, a expliqué Olivier Sala, directeur général de la SEM Gaz Electricité Grenoble. Il s’agira :
- d’abord d’installer des compteurs communicants chez les consommateurs pour la relève et l’échange de données ;
- de produire ensuite des informations sur toute la chaine du réseau électrique (c’est le concept de « smart electricity »), de rendre le consommateur actif et de développer la production d’énergie décentralisée ;
- enfin, de tendre vers les villes intelligentes (« smart cities »), où le système urbain sera optimisé à travers la comptage et la gestion de tous les flux de la ville :
- l’énergie bien sûr,
- mais aussi l’eau,
- les déplacements de matières,de produits, de passagers, etc.
Les consommateurs au centre des attentions – Il reste que dans ce nouveau paradigme qui se dessine, de nombreuses inconnues concernent un personnage clé : le consommateur.
Personne n’a idée de sa capacité à se saisir de ces nouvelles problématiques et à faire évoluer son comportement quotidien, même s’il aura un intérêt économique évident à aller dans cette direction. Or, comme l’a souligné Clara Gaymard, « c’est le comportement des consommateurs qui déterminera les business model des industriels ».
D’où ce mélange de grande excitation des entreprises et d’inconnue dans les choix à faire.
Dans ce contexte, il est alors primordial de lancer des expérimentations sur le terrain, comme cela est en cours sur le territoire du Grand Lyon , avec notamment les programme « Smart City » et « Greenlys » où la plupart des entreprises intéressées sont présentes.
Le levier de l’acceptabilité sociale – Ainsi, dans ce qui apparaît comme un marché prometteur pour les entreprises et l’emploi, et comme un véritable enjeu pour les collectivités locales afin de construire la ville de demain, des questions fondamentales se posent à propos des usagers.
Olivier Sala a pointé l’importance de l’acceptabilité sociale, les usagers pourraient craindre une perte de confort ou manquer de confiance quant à l’utilisation de ces données individuelles qui diront tout de nos vies privées. « Il faudra veiller au contrôle démocratique sur l’utilisation de ces données », a déclaré à ce sujet Jean-Paul Amoudry, sénateur et vice-président de la FNCCR.
Olivier Sala souligne également qu’un des facteurs importants de réussite du développement des smart technologies sera la redistribution d’une part de la valeur ajoutée ainsi créée aux consommateurs. Mais comment et selon quel principe ? Le mystère plane.
La tarification devra s’adapter à ces évolutions en étant réactive aux variations des coûts de production de l’énergie et en allant de plus en plus vers le temps réel.
Mais attention à ne pas créer une nouvelle « jungle tarifaire », s’est alarmé Thierry Saniez, délégué général de l’Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV ).
De lourds investissements vont être nécessaires sur le réseau électrique, « même si nous n’avons pas les moyens de nous payer un nouveau réseau », a reconnu Marc Boillot.
De son côté, Jean-Paul Amoudry assure que les collectivités locales seront très vigilantes à ce que ces nouveaux investissements ne se fassent pas au détriment des ceux nécessaires à l’entretien et au renforcement des réseaux (2). La FNCCR publiera à ce sujet une étude très attendue sur les nouvelles technologies autour des compteurs Linky, lors de son congrès en septembre 2013 à Montpellier.
c est tout ficelé : les linky seront payes grace a un prelevement % sur la facture. Merci qui ?