Comment réagissez vous au déblocage par l’Etat de 110 millions d’euros d’obligations associatives de long terme au profit de l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) ?
C’est un geste significatif. Ces obligations, d’une durée de 20 ans, ne sont à restituer que si l’association le souhaite.
Mais cela ne suffira pas. Trop de dégâts ont été faits. Les attentes sont importantes en termes pédagogiques, d’hébergement et de restauration. La nouvelle équipe dirigeante de l’Afpa l’a bien compris.
Il faut aussi une meilleure réactivité. Un chômeur qui vient chercher un emploi ne doit pas attendre un an pour commencer une formation qu’on est parvenu à le convaincre de suivre.
Certaines formations sont aussi reconduites d’une année sur l’autre telles quelles ; aujourd’hui ce n’est plus possible.
Le Premier ministre attend des régions « qu’elles s’investissent plus avant dans la refondation de l’Afpa ». Ces dernières sont-elles prêtes à apporter aussi des fonds à l’Afpa ?
Les régions ne sont pas fermées à cette question. Mais elles sont dans une position un peu différente, étant clientes de l’Afpa. Toutefois, sur la question de l’hébergement et de la restauration, elles peuvent s’engager.
Le projet de loi de décentralisation comporte-t-il des dispositions concernant l’Afpa ?
Comme le souhaitent les régions, le projet de loi de décentralisation offrira la possibilité de transférer le patrimoine de l’association aux régions qui le souhaiteraient. Il faut effectivement que les négociations se fassent région par région. Certaines accepteront, car territorialement c’est intéressant, et que financièrement c’est possible.
Ces transferts se feront sous la forme de baux emphytéotiques administratifs (BEA). La seule forme juridique possible depuis que le Conseil constitutionnel a déclaré contraire à la Constitution le transfert du patrimoine de l’Etat à l’Afpa.
Ce qui peut intéresser les régions, c’est une solution d’hébergement qui ne serait pas uniquement destinés aux personnes en formation, mais aussi aux étudiants par exemple.
Le patrimoine de l’Afpa pourrait aussi être récupéré par des bailleurs sociaux.
La CFDT Afpa estime aussi que « des mesures de trésorerie ne sauraient suffire ». Et appelle, comme d’autres acteurs, à sortir les formations qualifiantes et diplômantes des demandeurs d’emploi du marché concurrentiel.
Cette question est réglée dans le projet de loi de décentralisation, avec la création de services publics régionaux de la formation et de l’orientation. Il faut que la formation soit reconnue comme un service social.
Et il s’agit manifestement d’un tel service lorsqu’elle s’adresse à des demandeurs d’emploi.
Le retard pris dans la présentation du projet de loi « décentralisation » est-il dû au volet formation ?
Pas du tout. Tout est réglé dans ce domaine. En revanche, nous ne sommes pas très enthousiastes face à un certain nombre d’évolutions concernant les formations sanitaires et sociales, qui vont vers une stricte universitarisation.
La reconnaissance universitaire, c’est bien, mais il faut aussi une véritable qualification professionnelle.
Sur le volet orientation en revanche, les personnels de l’Education nationale se montrent inquiets…
Les conseillers d’orientation psychologues resteraient tous des personnels de l’Etat. Mais certains pourraient exercer leurs fonctions dans le cadre du service public régional de l’orientation, c’est-à-dire qu’ils sortiraient de la stricte formation initiale.
C’est déjà le cas parfois, en Limousin par exemple, où des « Co-psy » exercent au sein de la Cité des métiers.
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