En quoi l’étude de Public evaluation system, agence de notation des collectivités, qui a servi de point de départ aux enquêtes « Les folies de nos élus locaux » du Figaro et « Combien votre ville dépense-t-elle pour sa com’ et ses élus locaux ? » sur Rue89 est critiquable ?
L’agence de notation PES a fait le choix de n’étudier que le poste budgétaire 623, appelé « Publicité, publications, relations publiques » de l’instruction budgétaire M14. Ce poste comprend les annonces et insertions, fêtes et cérémonies, foires et expositions, catalogues et imprimés, publications et divers ! Tout ceci n’est pas forcément de la communication publique, sauf à considérer qu’une fête de quartier, un carnaval, bref tout ce qui se passe sur un territoire est communication. D’ailleurs, c’est sur quoi les villes mises en cause ont réagit [lire l’encadré ci-dessous]. Cela dit, à la décharge de PES, il est compliqué de déterminer le budget exact de la direction de la communication : il est en grande partie dans la ligne 623, mais aussi réparti au sein de différentes directions. Tout ceci est légal mais prête le flanc à la critique et la suspicion.
La communication publique serait-elle par nature suspecte ?
Il y a en effet au niveau local une certaine interprétation de ce qu’est la communication publique : elle servirait à la réélection des équipes en place, à la propagande. Il existe aussi un amalgame entre dépenses de com’ des collectivités et celles faites pour la politique gouvernementale, un phénomène qui s’est renforcé depuis Nicolas Sarkozy. J’ai d’ailleurs été interpellé, non sans humour sur Twitter : « La com’ on ne sait pas à quoi ça sert, ce doit être un problème de com’. » C’est tout à fait juste : la communication publique ne sait pas ou ne veut pas communiquer sur elle-même.
Qu’est-ce qui permettrait de définir un budget acceptable ?
Impossible de répondre ! Le budget va dépendre du projet politique et des moyens qui ont été alloués pour l’atteindre. On ne peut pas poser de ratios. Ce n’est que du coup par coup. En revanche, je plaide pour une totale transparence des budgets com’ et des objectifs fixés. Seule cette transparence totale permettrait de lever la suspicion.
Les villes dénoncent une confusion
Après la publication de l’application « Combien votre ville dépense-t-elle pour sa com’ et ses élus locaux? » sur Rue89, plusieurs mairies ont protesté contre la méthodologie employée. Le site d’information a donc publié le 9 janvier 2013 un nouvel article reprenant ces critiques, et a modifié la présentation de l’appli : les villes ne sont plus classées, mais listées par ordre alphabétique. Un poil démagogique, les incitations à alerter les mairies concernées sur Facebook, via Twitter ou par e-mail ont également été retirées.
Sur le fond, la mairie de Metz « conteste formellement » cette base de calcul. Arrivée 1ère du classement, Montpellier aussi regrette que soient regroupés des éléments aussi divers et variés que : « Les annonces légales et annonces de recrutement, les dépenses de foires et expositions, les évènements sportifs et culturels, les Hivernales, les Estivales, les catalogues et imprimés des Maisons pour tous, les illuminations de Noël, les contrats d’artistes… »
Un tweet d’un conseiller municipal de Caen résume aussi ce même sentiment amer : « Vous êtes aussi démago que Le Figaro : confusion entre dépense de com et événementiel (salon du livre pour Caen par exemple). »
La Gazette » a contacté Stanislas Boutmy, le directeur de Public Evaluation System, conscient des critiques émises à l’égard de cette étude. « Nous avons travaillé à partir des comptes administratifs de l’année 2011. Nous partons de la ligne 623 car elle contient des éléments de stratégies de communication. C’est un choix critiquable, qui a ses limites, mais présente au moins le mérite d’établir une comparaison. »
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