Retour sur l’impact de ces mesures et sur les évolutions souhaitées dans le cadre du débat sur la transition énergétique, qui va prochainement se dérouler en région.
Comment avez-vous accueilli les nouvelles mesures d’urgences pour la filière photovoltaïque annoncées le 7 janvier par la ministre de l’Energie, Delphine Batho ?
Il y avait une nécessité absolue de relancer cette filière et tout ce qui est fait en ce sens doit être encouragé. Les deux points importants sont la bonification de 10% du tarif de rachat de l’électricité des installations photovoltaïques en fonction du lieu de fabrication des modules ainsi que le doublement des volumes cibles (de 500 à 1000 mégawatts/an, NDLR), qui devrait mécaniquement jouer sur le tarif d’achat.
A l’heure actuelle, le prix de revient du photovoltaïque est encore un petit peu élevé par rapport au prix de l’électricité qui est relativement faible en France, ce qui est un avantage pour l’usager mais qui n’aide pas au développement de la filière. Il est donc primordial de soutenir a filière tant que la parité entre ces deux prix n’est pas atteinte.
En décembre, l’ARF avait dénoncé le projet de baisser de 20% le tarif de rachat des grandes installations (celle de plus de 250 kilowatts heures crête). La confirmation par la ministre de cette baisse est-elle une mauvaise nouvelle ?
A l’époque, cette annonce avait été faite sans concertation et c’était un premier signal négatif pour une filière en grande difficulté qui a subi une baisse de moitié de ses effectifs, soit environ 14 000 emplois. Il faut donc se réjouir de ces nouvelles mesures même si tout le monde convient qu’elles ne sont pas révolutionnaires.
La volonté du gouvernement de favoriser les projets de centrales au sol sur des sites dégradés (friches industrielles, anciennes carrières, décharges, etc.) afin d’éviter les conflits d’usage révèle-t-elle l’existence de tensions sur le terrain ?
On constate en effet le recours à des terres agricoles pour de tels projets, principalement dans les régions du sud de la France. Cette décision était donc absolument nécessaire. De notre côté, nous prenons déjà en compte ce critère dans l’attribution des aides. De plus, l’avantage des installations photovoltaïques est de pouvoir être démontées facilement, ce qui permet une réversibilité si l’on souhaite faire évoluer, au bout d’un certain temps, le devenir d’un tel site.
Comment se positionnent les régions dans le développement des projets qui sont majoritairement portés par des investisseurs privés ?
Les régions ont toujours joué un rôle pilote pour cette filière en mettant en place des mécanismes de soutien et en l’accompagnant après le moratoire décidé par le précédent gouvernement en décembre 2010. Nous sommes très attentifs à l’évolution de cette filière qui représente un enjeu tant en matière de développement d’emplois locaux que pour aller vers une transition énergétique.
Quelles autres mesures attendez-vous, notamment en prévision du débat sur cette transition énergétique qui va se dérouler prochainement en région ?
Il y a un besoin de simplification des tarifs. En ce sens, l’annonce d’un tarif unique pour les petites installations est une bonne chose, car auparavant, les prix étaient différents en fonction de la nature des bâtiments (scolaire, de santé, etc.). Il faut également simplifier les procédures de raccordement des installations photovoltaïques, par rapport à la question des files d’attentes et du coût du raccordement, car pour un investisseur, ce coût est actuellement dépendant des renforcement nécessaires à proximité sur le réseau, ce qui n’est pas toujours très juste.
Quel sera l’impact de ces mesures sur les schémas régionaux air-climat-énergie ?
Les schémas régionaux qui ont été adoptés dépassent largement l’objectif national qui est de 5400 megawatts en 2020, et si ce plafond n’a pas encore été remis en cause, il devrait l’être prochainement, du fait du doublement des volumes cibles. C’est une bonne chose car à travers ce chiffre se dessine une stratégie qui se devrait se retrouver également dans les tarifs d’achat. On a accusé les énergies renouvelables de faire monter le prix de l’électricité mais il faut savoir ce que l’on veut ! Ce sera tout l’enjeu du débat qui s’annonce…
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