« Nous serons dans la voiture en route pour Bilbao avec lui », ont déclaré mardi 30 octobre deux des représentants associatifs bordelais les plus actifs, tous les deux opposés à cette expérimentation.
« Il existe quatre structures d’aide aux toxicomanes dans le même périmètre que deux lycées et d’une résidence estudiantine. Avant d’aller imaginer un énième dispositif expérimental, demandé avant tout par l’association de soutien aux toxicomanes La Case, que les collectivités se concertent pour élaborer ensemble une véritable stratégie de santé territorialisée », fulminent les présidents de deux des associations de riverains et de commerçants, Stéphane Pusateri et Christian Baulme.
Besoins identifiés qui peuvent varier selon le contexte – Ces deux militants ne veulent pas d’une salle de shoot en plein centre historique de Bordeaux, et doutent même de l’intérêt d’une telle structure dans une ville où, selon eux, peu de toxicomanes consomment en plein air.
Ils appuient notamment leur argumentaire sur un rapport de l’Inserm daté du 36 juin 2010. La synthèse de ce document souligne que « pour que les centres d’injection soient efficaces, il est nécessaire qu’ils répondent à des besoins identifiés qui peuvent varier selon le contexte : importance de l’injection en public, nombre d’usagers injecteurs sans contact ou en rupture avec des structures de soin, nombre d’overdoses mortelles, existence de problèmes de santé liés à l’injection… Leur intégration dans un dispositif plus large de services, avec une bonne communication entre les services, est également un élément de leur réussite. »
Or, le conseil général de la Gironde (PS), qui cofinance des structures de soutien aux toxicomanes, est muet à ce sujet. Et le conseil régional (PS) a réagi dès lundi 22 octobre, pour « salue[r] la volonté exprimée par la ministre de la Santé d’expérimenter les « salles de shoot » en France avant fin 2012 ».
138 000 euros de la part de la région – Egalement vice-président de l’association bordelaise d’aide aux toxicomanes La Case, la conseillère régionale socialiste Naïma Charaï a ajouté que « la région avait d’ailleurs soutenu la création de cette salle [de shoot à Bilbao] à hauteur de 138 000 euros (Feder transfrontalier) […]. La région Aquitaine soutiendra donc toute démarche équivalente sur l’agglomération bordelaise. »
Sollicité de toutes parts sur le sens de cette visite à Bilbao de Vincent Feltesse, la communauté urbaine de Bordeaux précise que celle-ci a lieu « dans le cadre de son mandat de député de Bordeaux et pour son travail pour la commission jeunesse du PS ».
Actuellement, il existe des centres d’injection supervisés dans 8 pays : Allemagne, Australie, Canada, Espagne, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas et Suisse. « Le sujet ne fait pas consensus à Bordeaux, même parmi les acteurs médicaux et les spécialistes associatifs concernés », souligne l’adjointe aux précarités d’Alain Juppé, Alexandra Siarri.
Cette dernière rappelle que « l’idée d’un bus pour aller à la rencontre des toxicomanes dans la rue et dans les squats circule depuis deux ans », non sans préciser que la ville ne dispose pas de données consolidées sur la toxicomanie de rue.
Cet article fait partie du Dossier
Les salles de consommation de drogues débarquent en France
Sommaire du dossier
- La France s’ouvre aux salles de consommation de drogues
- Matignon donne son feu vert pour une salle de consommation de drogue à Paris
- A Paris, l’idée d’une salle de consommation divise la population locale
- La « salle de shoot » s’installe dans le paysage parisien, après huit mois
- Salles de consommation : les conseils de nos voisins européens
- « La police comprend l’intérêt des salles de consommation » – Xavier Majo i Roca, Catalogne
- Bordeaux : la salle de shoot soutenue à droite comme à gauche
- Salles de consommation : les villes candidates se préparent à l’expérimentation
Thèmes abordés
Régions