Ce n’était pas le point principal de la session du conseil général de la Haute-Loire, lundi 22 octobre. Le rapport proposé au vote de l’assemblée n’évoquait que des « réserves ».
Mais après un débat très pointu et technique, les conseillers généraux altiligériens ont décidé, sinon de taper du poing sur la table, au moins de lancer un signal d’alarme en votant à l’unanimité un avis défavorable l’encontre du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) de la Loire en Rhône-Alpes, sur lequel ils doivent se prononcer en vertu du Code de l’environnement.
Mariés par le fleuve – La desserte en eau du département de la Loire – de Saint-Etienne et de son agglomération notamment – concerne directement son principal pourvoyeur en eau, la Haute-Loire, puisque deux barrages importants pour la région stéphanoise (Lavalette et Grangent) sont situés sur le territoire auvergnat.
« Dans leur schéma, ils prévoient d’augmenter le débit objectif en aval du barrage de Grangent. Cela va baisser le débit de la Loire en amont et poser des problèmes sur les sites touristiques », explique le président (Nouveau Centre) de l’agglomération du Puy-en-Velay, Michel Joubert, également vice-président du conseil général chargé de l’environnement et, à ce titre, président de la commission locale de l’eau qui prépare le Sage Loire amont.
« Le barrage de Lavalette appartient à la ville de Saint-Etienne… mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont propriétaires de l’eau ! Comme il s’agit d’eau potable, ils demandent également dans leur schéma que les acteurs économiques, agriculteurs, collectivités fassent des efforts pour éviter la pollution. Ces efforts demandent des investissements importants, il faudrait donc des compensations. On demande qu’il y ait des études sur les incidences provoquées par leurs préconisations. Il ne faut pas que l’amont serve toujours l’aval, sans qu’on prenne en compte les contraintes », ajoute Michel Joubert.
Embêtant, mais pas encore la guerre – Pour le directeur de la délégation Allier-Loire amont de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, Gilbert Naturale, cette décision « est embêtante, mais ce n’est pas encore la guerre de l’eau. Ce sera au préfet de la Loire de prendre en compte tous les avis, avant de lancer l’enquête publique l’année prochaine. »
« Il y a aussi un problème territorial. Saint-Etienne est dans un autre département, la Loire, et même une autre région, Rhône-Alpes. Malgré les efforts, et même si beaucoup d’habitants locaux profitent de ce barrage, en Haute-Loire on a l’impression de se faire voler son eau. Si Saint-Etienne avait été en Haute-Loire, il n’y aurait pas de conflit… » analyse-t-il.
« Personne n’est propriétaire de l’eau, sinon c’est la guerre de l’eau entre territoires. Il y a un droit d’usage, mais la perception des enjeux de l’eau est différente. En amont, ils attendent qu’il y ait plus de solidarité de la part des territoires en aval, surtout si ceux-ci en profitent pour améliorer leur développement économique », ajoute Gilbert Naturale.
Le projet de schéma Loire en Rhône-Alpes a déjà été validé par la commission locale de l’eau. Il est désormais soumis à consultation de l’Etat, des collectivités et institutions concernées, avant de passer à l’étape de l’enquête publique, début 2013.
La réponse du conseil général de la Loire
Le conseil général de la Loire a depuis fait parvenir à La gazette des communes une réponse écrite.
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