Une sirène du réseau national d’alerte installée à Bobigny (Seine-Saint-Denis) a réveillé des milliers d’habitants, dès 7 h30 du matin, dimanche 23 septembre 2012. Cet incident dû à un problème technique n’est pas surprenant. La sécurité civile elle-même en convient : ce réseau est « d’une vétusté grandissante. »
La rénovation du système en chantier – En juin 2008, le livre blanc sur la défense et de la sécurité nationale insistait sur la nécessité de le moderniser.
Lancé par le gouvernement il y a quatre ans, ce chantier a franchi une étape majeure : Cassidian, une entreprise du groupe Eads, s’est vu attribuer par le ministère de l’intérieur le développement du logiciel du nouveau système d’alerte et d’information des populations (SAIP), ainsi que la conception des boîtiers de mise en réseau des sirènes.
Du matériel tel que sirènes et armoires de commande ont aussi été commandé à d’autres entreprises. Les premiers tests seront réalisés en 2013 dans les départements du Rhône et des Bouches-du-Rhône.
Un réseau datant de plus de 60 ans – « L’enjeu de ce dispositif est considérable, insiste le lieutenant Eric Giroud, animateur de la commission des systèmes d’information et de communication à la fédération des sapeurs-pompiers. Les risques naturels s’accroissent.
Certes, des progrès importants ont été réalisés dans leur prévision, leur évaluation. Mais en bout de chaîne, les moyens pour alerter les populations sont obsolètes. Des catastrophes récentes comme la tempête Xynthia, en 2010, dont certaines victimes ont été prises au piège, l’ont clairement montré ».
1,4 million de Français serait exposé au risque de submersion marine, révélait une estimation du ministère du développement durable en juillet 2012, et 17 millions au risque d’inondation.
« Pour construire le SAIP, nous avons commencé par réaliser un inventaire des sirènes existantes sur le territoire métropolitain, expose Christophe Renou chef du bureau de l’alerte, de la sensibilisation et de l’éducation des publics à la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises. Il en existe 10 000. La moitié environ relèvent des communes et des Sdis, un milliers des industriels, les 4 000 restantes du réseau national d’alerte de l’Etat.
Ce dernier réseau, mis en place après la seconde guerre mondiale et au début de la guerre froide afin de prévenir les populations en cas de bombardement est aujourd’hui vieillissant et inadapté aux enjeux actuels de protection des populations, surtout exposées aux risques d’inondation, d’accidents industriels ou encore de tempêtes ».
Des sirènes avant des SMS ? – L’objectif de la sécurité civile est d’interconnecter dans un même système, l’ensemble des moyens d’alerte existants sur les zones les plus exposées à des risques. Elle en a identifié moins de deux mille. « Pour couvrir ces territoires, de nombreuses sirènes supplémentaires devront à terme être installées et interconnectées à celles déjà présentes, poursuit Christophe Renou. Une grande part le sera dans les trois prochaines années ».
A terme, l’alerte par les sirènes sera complétée par la diffusion de messages sur les téléphones mobiles.
Le système qui devrait être achevé d’ici 2017, sera mobilisable par les maires, les préfets, par les Centres opérationnels départementaux d’incendie et de Secours (Codis) et le centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic). «Toutefois l’alerte n’est pas qu’un problème technique, concluent Eric Giroud et Christophe Renou. Qui dans la population sait encore qu’un signal de 30 secondes signifie qu’il faut se calfeutrer et écouter la radio ? Un travail d’information auprès des populations s’impose aussi ».
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