Le recul constant des consommations d’eau permet d’envisager sereinement le déploiement du Grand Paris : les capacités de production d’eau potable et de traitement des eaux usées seront compatibles avec une population accrue de 1,5 million d’habitants d’ici 2030. Mais l’équilibre « pourrait être profondément bouleversé » par l’abaissement du niveau des cours d’eau dû au dérèglement climatique, prévient la préfecture d’Ile-de-France dans une note présentée mercredi 12 septembre 2012.
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Qu’il s’agisse d’eau potable ou d’eaux usées, les infrastructures existantes sont à même de faire face à l’augmentation de population envisagée au sein du Grand Paris à moyen terme (+ 1,5 million d’habitants d’ici 2030) : c’est la résultante de la baisse tendancielle des consommations d’eau, qui ont reculé d’un quart en un quart de siècle sur l’agglomération parisienne.
Mais à plus longue échéance, il faudra composer avec un dérèglement climatique qui réduira sensiblement le débit des cours d’eau, influant à la fois sur la ressource disponible(1) et sur la capacité du milieu naturel à absorber les eaux épurées.
Telles sont les principales conclusions de la « note sur les enjeux dans le domaine de l’eau », réalisée par les services de l’Etat et présentée par la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Ile-de-France (Driee), le 12 septembre.
Etiage accentué sur un débit modéré – Le débit d’étiage de la Seine pourrait ainsi diminuer de 30 % d’ici 2050, selon le Programme interdisciplinaire de recherche sur l’environnement (Piren-Seine).
Or, sur ce fleuve au débit déjà modeste, les rejets de l’agglomération parisienne exercent aujourd’hui une pression dix fois supérieure à celle exercée par l’agglomération lyonnaise sur le Rhône.
Quelle sera la capacité de dilution des polluants de la Seine quand son débit restreint sera confronté à des rejets accrus ? Comment répondre au pic de demande estival quand le fleuve atteindra son niveau minimum ? Denis Penouël, président de la section francilienne de l’Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (Astee), alerte sur ces "effets de ciseau ».
Et rappelle que la hausse de la température de l’eau pourrait compliquer sa potabilisation.
Limiter les apports d’eau pluviale – En augmentant les surfaces imperméabilisées, et donc les volumes d’eau de ruissellement, la réalisation de nouveaux pôles de développement risque de surcharger les systèmes d’assainissement par temps de pluie et d’aggraver le risque d’inondation. Dans son 10e programme (2013-2018), l’Agence de l’eau Seine-Normandie renforcera ses appuis à la gestion des eaux pluviales sur la parcelle (toitures végétalisées, enrobés drainants, noues, etc.), qui évite de surcharger les réseaux collectifs.
Pour Bernard Doroszczuk, directeur de la Driee, « le Grand Paris impose un rapprochement entre les acteurs de l’eau, de l’aménagement et de l’urbanisme. Les professionnels de l’eau devront participer à l’élaboration des contrats de développement territorial(2). »
Outre les classiques volet de l’eau potable, de l’assainissement et du risque d’inondation, l’eau doit aussi être envisagée comme aménité paysagère, élément des trames vertes et bleues et outil de la lutte contre le phénomène d’ «îlot de chaleur » urbain.
Une conférence métropolitaine dédiée à l’eau doit se tenir d’ici la fin de l’année.