« Nous avons dans le viseur plusieurs commerces qui payent des vigiles pour guetter les patrouilles de la police », déclare l’adjoint chargé de la proximité, de la salubrité et de la police municipale, Jean-Louis David. « Dès fin juin, ceux-là verront leurs horaires d’ouvertures réduits par arrêté municipal, et notre procédure nourrira un éventuel dossier de fermeture administrative instruit en Préfecture, comme à Nantes ».
Renforcement de la présence policière – Depuis 2006, un groupe de travail planche sur ce phénomène d’alcoolisation des jeunes fêtards, également appelé « binge drinking », dans le cadre du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance de la ville de Bordeaux. Ce travail a débouché sur une présence policière renforcée aux sites et horaires clés, la circulation d’un bus de nuit et un travail de médiation sociale nocturne sur la place ou les étudiants se retrouvaient avant d’aller faire la fête. Mais le problème s’est déporté depuis l’été dernier sur une esplanade placée entre un site historique, la place de la Bourse, et la Garonne : le »miroir d’eau ». Or c’est par là que sont passé les cinq jeunes gens morts après une soirée bien arrosée.
Depuis mars dernier, tour à tour, ville et Préfecture ont joué la carte de la tolérance zéro, avec des opérations médiatisées de verbalisation de la consommation d’alcool sur la voie publique conformément à un arrêté municipal ou de la vente de bouteilles en dehors des horaires autorisés, alors réduits de 2h par arrêté préfectoral.
Les rassemblements festifs continuent, et des épiciers de nuit se sont organisés pour contourner l’interdiction, comme le raconte l’adjoint à la salubrité, qui présidera une toute première commission fin juin, avec des représentants des syndicats des commerçants et de la police municipale.
Un groupe de travail européen – Cette nouvelle mesure répressive à l’encontre des commerçants a été rendue publique le vendredi 25 mai 2012, à l’issue de la dernière journée de travail du projet européen Safer drinking scenes, piloté et porté par le Forum français par la sécurité urbaine (en partenariat avec le Forum européen pour la sécurité urbaine) et qui réunit dix villes : Bordeaux, Nantes, La Rochelle, Brest, Kingston-Upon-Thames (Grande-Bretagne), Liège et Anvers (Belgique), Rotterdam (Pays-Bas), Stuttgart (Allemagne) et Reggio Emilia (Italie). Ce groupe de travail se réunit depuis deux ans dans chacune des villes membres pour mutualiser leurs expériences. Une restitution de ces travaux est prévue à Bruxelles à la fin de l’année.
« C’est une problématique pour toutes les villes qui ont rendu leurs espaces publiques beaux », affirme le délégué général français au forum pour la sécurité urbaine, Michel Marcus, également présent à Bordeaux. Ce dernier souligne qu’avec l’usage de la seule répression « c’est un risque socio-sanitaire qui peut être déporté » , y compris dans la sphère privée (cage d’escaliers, caves ou appartements), où les acteurs de la prévention ne sont plus libres d’intervenir.
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