C’est un Palais des Papes désert et hautement sécurisé par des CRS et des militaires qu’ont traversé au pas de charge les ministres de l’Intérieur et de la Défense le 18 juillet 2016, quatre jours après l’attentat de Nice.
Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian sont venus inopinément dans la Cité des Papes pour une visite éclair : une heure et demie pour rencontrer les soldats de l’opération Sentinelle à la gare Avignon-Centre, échanger avec une compagnie de CRS et une unité de la BAC, et s’entretenir avec quelques élus avignonnais et des responsables du festival.
Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian à Avignon le 18 juillet 2016, ©hg CC0
Manifestement, les deux ministères, venus en terre de festival, voulaient donner à voir la mobilisation des forces de sécurité à partir de l’exemple emblématique d’Avignon. Le locataire de la Place Beauvau a souligné que la préparation de la saison 2016 remonte à la fin de l’année 2015.
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Depuis le drame de Nice, instruction a été donnée aux préfets des différentes zones de défense concernées de déployer les forces de sécurité, et en particulier les unités des forces mobiles, « en fonction des caractéristiques de chaque manifestation », avec l’objectif d’avoir « une allocation optimale des forces de sécurité. »
Bernard Cazeneuve a aussi insisté sur la nécessité d’un travail des préfets « en très étroite liaison » avec les collectivités organisatrices d’événements culturels. Car « la sécurité, dans notre pays, est une coproduction » a insisté le ministre. Les deux ministres ont aussi loué la « vertu dissuasive » des patrouilles dynamiques, « qui exposent à tout moment les terroristes au risque de se trouver nez à nez » avec elles.
Enfin le ministre de l’Intérieur a rappelé le rôle joué par le préfet Hubert Weigel (ex responsable de la sécurisation de la « COP 21 »), nommé le 1er juillet 2016 d’une mission spécifique sur la sécurisation des lieux culturels et chargé de mettre en œuvre les instructions de la Place Beauvau pour les grands rassemblements de la saison estivale.
Les deux ministres ont souligné l’importance de la réserve opérationnelle, dont les forces de gendarmerie viennent d’être augmentées à hauteur de 10 000 hommes, qui s’ajoutent aux 20 000 gendarmes et policiers déjà disponibles. Au total, avec ce renfort « 3000 gendarmes par jour » viendront en renfort, selon Bernard Cazeneuve.
Enfin, selon Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian, leur visite en terre avignonnaise leur a permis de « se rendre compte de l’excellence des relations entre les forces de sécurité intérieures et forces armées », auxquels ils ont exprimé leur « extrême gratitude ». Les deux ministres ont pris l’exemple de « la très grande confiance » régnant entre gendarmes et policiers pour rappeler le « besoin de cohésion et d’unité » du pays, allusion à peine voilée aux violentes critiques dont a fait l’objet le gouvernement, depuis la dramatique soirée du 14 juillet.
A midi, le 18 juillet, le Festival d’Avignon s’est figé
Comme partout ailleurs en France, au troisième jour de deuil national, le 18 juillet 2016, le Festival d’Avignon est devenu muet à 12 heures précises : festivaliers, artistes, et professionnels réunis en colloque se sont levés pour observer une minute de silence à la mémoire des 84 morts de l’attentat de Nice survenu 4 jours plus tôt.
#Avignon2016 #NiceAttentat, les participants aux débats pro se figent pour min. silence en mémoire des 84 victimes pic.twitter.com/fjwZPfIfMg
— Hélène Girard (@epuisette) 18 juillet 2016
Le drame de Nice est dans toutes les têtes des festivaliers. Les professionnels y voient une ardente obligation supplémentaire de s’interroger sur le rôle de l’art et de la culture dans la construction de la citoyenneté et sur les ratés des politiques culturelles.
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