Introduisant le premier bilan des diagnostics territoriaux à 360°, Sylvain Mathieu, délégué interministériel de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), a fait part de son enthousiasme : « Il ne s’agit pas d’un diagnostic de plus sur les problématiques des personnes, de la rue aux difficultés d’accès au logement, ou de maintien dans le logement, qui finira, comme les précédents, en haut de l’armoire, mais bien d’une démarche nouvelle, à laquelle ont adhéré des services de l’État qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble », ainsi que de nombreux autres partenaires, conseils départementaux, agences régionales de santé, associations du secteur… Sylvain Mathieu définit les diagnostics à 360° comme « une photo de la situation sur un territoire », qui sera partiellement actualisée chaque année .
78 départements engagés dans la démarche
Après une phase d’expérimentation conduite sur 13 territoires pilotes en 2013, la démarche a été généralisée, avec la date butoir de fin 2015. A ce jour « 78 départements ont rempli ce cahier des charges », a précisé Pierre-Yves Eyraud, représentant du ministère des Affaires sociales, qui centralise les informations, ajoutant « qu’une vague de diagnostics est attendue pour début 2016 ». Le département de Paris, par exemple, n’a pas encore rendu sa copie. En plus d’avoir été l’occasion de « développer une culture de l’observation sociale partenariale », les diagnostics ont permis de mettre en lumière des publics particulièrement en difficulté, a souligné Pierre-Yves Eyraud. Il s’agit des demandeurs d’asile et des déboutés, des femmes victimes de violences conjugales, des personnes atteintes de troubles psychiques, du public jeune, et, public émergeant, des personnes âgées. Concernant le public des femmes victimes de violences conjugales, les diagnostics démontrent que la mesure (du plan de lutte contre les violences faites aux femmes ) des places réservées en centre d’hébergement n’est pas adaptée à toutes les situations, « qu’il faut développer des solutions alternatives ». « On devinait que ces publics étaient à prioriser, maintenant, avec les diagnostics, on dispose de données pour conforter ces intuitions », a ajouté Pierre-Yves Eyraud.
A lire aussi Renforcement de la territorialisation du plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale
Prochaine étape : la programmation !
Au premier semestre 2016, les diagnostics départementaux seront présentés par le biais de synthèses régionales, « les problématiques et les solutions étant interdépartementales ». Il s’agit, désormais, grâce aux acquis de la démarche, « d’alimenter les politiques publiques » , comme l’a souligné Hélène Sainte Marie, directrice de projet « droit au logement et à l’hébergement », au ministère du Logement, afin d’orienter les différents programmes nationaux et locaux, notamment de construction, tout particulièrement en période de restriction budgétaire. « Pourquoi, par exemple, continuer de construire des T3 et des T4 en logement social, quand on sait, maintenant de façon certaine, que la tension est la plus forte sur les petites et très grandes surfaces ? », a ainsi interrogé Sylvain Mathieu.
Le diagnostic à 360° de l’Hérault
L’Hérault, territoire particulièrement touché par la précarité (taux de pauvreté à 19%) a bouclé son diagnostic au cours du premier semestre 2015. L’enquête de terrain révèle que les solutions spécialisées (par exemple pour les femmes devant quitter leur domicile) sont très peu accessibles en dehors des villes-centre, pour ne pas dire en dehors de Montpellier. Par ailleurs, « l’accès au logement est particulièrement tendu sur le littoral. L’une des solutions serait de faciliter la mobilité des personnes vers des zones pouvant encore les accueillir », commente Fabrice Clastre, de la direction départementale de la cohésion sociale, « et de produite une offre HLM accessible », ayant constaté que les loyers actuellement pratiqués n’étaient pas adaptés aux revenus des publics cibles.
Cet article est en relation avec les dossiers
Thèmes abordés