Le service civique, créé par la loi du 10 mars 2010, doit aujourd’hui répondre à un défi quantitatif. Le président de la République a assuré, début 2015, que tout candidat au service civique se verrait faire une proposition alors que la demande est quatre fois supérieure à l’offre. Or, bon an, mal an, seulement 6 à 7 % des volontaires sont accueillis au sein d’une collectivité. Sollicités par le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, les élèves administrateurs territoriaux promotion Vaclav Havel, lui ont remis, lundi 6 juillet 2015, un rapport analysant les freins au déploiement du dispositif et faisant 10 propositions pour faciliter la mobilisation des collectivités.
Injonction paradoxale
« Une injonction paradoxale pèse sur les collectivités », analyse Delphine Joly, déléguée de promotion (et co-organisatrice avec Damien Zaversnik du colloque au Sénat), « elles sont sommées d’assurer une mission d’accompagnement du public jeune, notamment des plus fragiles, une mission que, d’ailleurs, elles souhaitent remplir, alors qu’elles sont placées dans l’impossibilité financière d’intégrer ces recrues. Les collectivités sont prises entre leurs convictions et leur capacité d’accueil. » De plus, « la gestion RH des services civiques est extrêmement chronophage. Nous avons remarqué, lors de nos entretiens avec des collectivités, que certaines, pourtant convaincues du bien-fondé du dispositif, avait pu s’essouffler et n’arrivant plus à mobiliser des tuteurs, des agents déjà très sollicités », ajoute Delphine Joly.
Mutualisation des recrutements
Les élèves administrateurs formulent 10 propositions qui concernent tout autant les volontaires que les collectivités. Pour les premiers, il s’agit de sécuriser leur parcours, « le contrat ne donnant pas droit à un statut les protégeant », estime Delphine Joly. Par exemple, en soutenant leur pouvoir d’achat, pour, notamment, intégrer des jeunes en difficulté, « public qui devrait être le cœur de cible du dispositif alors que le service civique est souvent utilisé comme une première étape vers l’emploi par des jeunes déjà très diplômés et comme une aubaine par les recruteurs », rappelle l’élève administratrice. Pour les collectivités, il s’agit, notamment, de « favoriser les synergies et les mutualisations au niveau local », tout particulièrement les petites et moyennes collectivités, par le biais de recrutements partagés ou la mise en place de de plateformes, pourquoi pas au sein du département, gérant l’ingénierie administrative. Également, le rapport propose de « mieux accompagner les tuteurs des services civiques », la formation et la valorisation financière des agents n’étant pas prévues.
Kit d’accueil
Dans une volonté de simplification, le rapport propose un « Kit de l’accueil d’un service civique en collectivité » détaillant le mode d’emploi de l’accueil de volontaires, des exemples de missions pouvant être confiées aux volontaires, des exemples de fiche de poste, et, enfin, un modèle de délibération. « Le dispositif n’est pas encore très lisible pour les collectivités », commente Delphine Joly, « nous aimerions que l’Agence du service civique communique davantage en direction des collectivités et intègre des représentant de leurs grandes associations ». L’Agence du service civique semble avoir saisi le message puisqu’elle se serait déjà emparée, selon les élèves administrateurs, de ce kit d’accueil. Un premier pas vers un rapprochement.
Service civique : lancement des missions de l’Intérieur
Mercredi 8 juillet 2015, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, et Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, ont lancé le volet du service civique consacré aux missions de l’Intérieur. Il devrait permettre la création de 3 000 nouvelles missions de service civique d’ici la fin 2016, dont 1 000 dès cette année. Elles porteront sur trois thématiques, « reflet des priorités du gouvernement » : « protéger les populations », « secourir les populations » (en complément de l’action des sapeurs-pompiers professionnels et bénévoles et des intervenants relevant des associations de protection civile) et « encourager la citoyenneté ».
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