Le syndicat s’appuie sur une annonce de la région Franche-Comté. Selon une dépêche de l’agence de presse spécialisée AEF du 11 mai, la région envisage pour la rentrée 2012 de mixer les publics apprentis (liés par un contrat de travail) et lycéens professionnels (sous statut scolaire).
Il s’agirait de permettre à des apprentis de « suivre leur formation dans des classes avec des lycéens dans les formations CAP, bac pro et dans les sections de techniciens supérieurs », selon le communiqué de la FSU.
L’objectif est de « sécuriser des sections d’apprentissage qui ne sont pas viables aujourd’hui alors qu’elles offrent une très bonne insertion dans l’emploi ».
Au cabinet de la présidente de la région Marie-Guite Dufay (PS), on relativise : « Il s’agit d’une proposition de travail qui vise au contraire à préserver l’offre de formation dans les lycées professionnels, la diversité sur le territoire, et à maintenir les formations qui n’attirent pas suffisamment. »
Regard de l’Education nationale plus étroit – Du côté de la FSU, on s’inquiète du développement de ces pratiques de mixité des publics, ce qui serait le cas « dans de nombreux contrats d’objectifs et de moyens (COM) et contrats de plan régionaux de développement des formations (CPRDF) », souligne Jérôme Dammerey, secrétaire général du SNUEP-FSU.
« Nous craignons que les centres de formation des apprentis (CFA) soient à terme rattachés aux académies et donc implantés sous forme d’unités d’apprentissage dans les lycées professionnels. Le regard de l’Education nationale sur les formations dispensées pourrait alors être plus étroit », ajoute-t-il.
Les préoccupations du syndicat sont aussi évidemment d’ordre pédagogique : « Contrairement à ce qui est annoncé, aucune étude sérieuse n’a montré que la mixité des publics dans la classe était ‘source d’enrichissement au niveau de la dynamique de groupe’ et encore moins qu’elle ‘favoriserait l’innovation pédagogique et les échanges de pratiques professionnelles, en permettant d’exploiter au mieux les expériences vécues en entreprise’. C’est au contraire une détérioration des conditions d’études des élèves et des apprentis et une détérioration des conditions de travail pour les enseignants, les progressions pédagogiques étant différentes », souligne-t-on dans le communiqué.
Etre cohérent – Quoi qu’il en soit, il est vrai que la logique du gouvernement précédent a été de développer fortement le nombre d’apprentis sur la période 2012-2015. Au détriment de l’enseignement professionnel.
« On ferme des sections en lycée professionnels car il n’y a que 10 jeunes pour 15 places tout en ouvrant des sections d’apprentissage avec 5 apprentis ; il faut être cohérent », tempête Jérôme Dammerey.
La FSU appelle donc à une renégociation de ces contrats. Mais le flou règne pour le moment. Le ministre de l’Education Vincent Peillon a créé une polémique en début de semaine à la suite d’une interview sur France Inter le 17 mai.
Volonté de réunir – Il a assuré qu’il voulait « veiller à ce que l’apprentissage soit sous statut scolaire et non un sous-emploi. (…) L’école n’est pas faite pour produire de la différence entre tous les enfants de France, mais elle est là pour produire du commun. Plutôt que de séparer les élèves selon leur territoire, leur milieu d’origine, leurs compétences, nous allons les réunir. Ce sera l’un des grands axes de la réforme sur les lycées professionnels, techniques et généraux. »
« Le statut même de salarié procure aux jeunes une source indispensable de motivation pour apprendre en alternance. Cette décision porte un coup à la sécurisation du parcours de nombreux jeunes », dénonce le porte-parole de Association nationale des apprentis de France (ANAF), Cyrille Mauchamps, dans un communiqué du 21 mai.
Rencontre ARF ministère le 30 mai – Pas de réponse non plus pour le moment du côté de l’Association des régions de France (ARF) sur un possible changement de politique en matière d’apprentissage.
Mais une rencontre est prévue avec Michel Sapin le 30 mai.
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